Sifflet "repousse relous": "Ce qu’il ne faut surtout pas, c’est rester silencieuse"

Un bruit si strident qu'il effraie et repousse les relous qui harcèlent dans la rue. Tel est l'objectif de ce sifflet distribué par Quentin Duteil, originaire de Caen dans le Calvados. Invité des Grandes Gueules ce jeudi, le jeune homme explique bien qu'il n'en est pas le créateur pour autant: "Les plans étaient déjà disponibles en ligne et ont été créés par un concepteur allemand, puis mis à disposition. Je suis seulement celui qui a décidé de les imprimer en masse".
Mais comment lui est venue l'idée? "Je regardais un peu tout ce qu’il se faisait dans l’impression 3D, j’ai vu ce sifflet. Je connais la situation de la femme, le harcèlement etc. Je me suis dit que je pouvais, en tant que garçon, apporter ma pierre à l’édifice”.
L'utilisation de ce sifflet devrait permettre, au moins, de donner l'impression aux femmes d'être en sécurité, mais pour aller plus loin, il souhaite que le son devienne reconnaissable, pour "essayer de créer une habitude de défense, pour que les gens se protègent”.
"On a du mal à leur répondre"
Pour les jeunes femmes dans la rue, pas de doute: "C’est génial!"
"C’est un geste plus simple que de parler, si les paroles ne servent à rien et qu’ils continuent de persister. Le fait de siffler va attirer l’attention sur nous", explique une jeune femme interrogée par BFMTV.
Flora Ghebali, entrepreneure dans la transition écologique et ancienne candidate écologiste aux européennes, sur le plateau des Grandes Gueules, partage leur opinion. Elle se souvient lorsqu'elle était jeune, intimidée par ces hommes insistants. "Le harcèlement de rue, il arrive aux filles très jeunes, moi à partir de 10/11 ans quand j’allais au collège tous les matins dans la rue c’était très désagréable", raconte-t-elle. Sauf que "à cet âge-là, on a du mal à parler et à leur répondre parce que ce sont des adultes, on est plutôt silencieuses".
"Mais ce qu’il ne faut surtout pas, c’est rester silencieuse", avertit Flora.
Inverser le rapport de force
Aujourd'hui, elle ne se laisse plus faire: "Je leur hurle dessus. Vous me verriez dans la rue". Comme la jeune femme l'explique: ça fonctionne.
"Ce qui est très intéressant, c’est qu’il faut inverser le rapport de force. Les relous font profil bas, c’est ridicule à voir. Ils vous disent un truc insupportable, vous leur hurlez dessus et là ils regardent le sol en disant ‘pardon madame, pardon madame’ et ils partent. Ils n'ont pas l'habitude qu'on leur réponde".
Pour Stéphane Manigold, restaurateur: “Il [Quentin Duteil] a donné une nouvelle fonction à quelque chose qui existe et qui est une nécessité, il fallait y penser". Ce qu'il espère surtout, c'est que ça déclenche des réactions autour des relous: "Des personnes vont vouloir les filmer, diffuser leurs têtes sur les réseaux sociaux donc si ça peut a minima éradiquer le harcèlement de rue que subissent de façon totalement injuste les femmes, je trouve que c’est une bonne chose”.
Une distribution à plus grande échelle
Depuis 6 mois maintenant, Quentin Duteil distribue donc ces sifflets "autant que possible".
"J’en distribue déjà dans les bars, parce que c’est le monde de la nuit qui est surtout concerné. J’essaye quand je sors d’en mettre une dizaine dans les bars", détaille le jeune homme.
Mais ce qu'il souhaite désormais, pour avoir plus d'impact, c'est se tourner vers les collectivités: "C’est ce qui serait le mieux".
"Je ne suis pas à l’aise de faire un business avec ce produit, on ne devrait pas faire un business de la sécurité mais un contrat avec les collectivités pour le diffuser en grand nombre, c’est ce qui ferait sens", milite-t-il.
Pour Flora Ghebali, il serait également bien de faire un partenariat avec la grande distribution, "qu’on les trouve à la caisse ou dans les bureaux de tabac" explique-t-elle.
Pour poursuivre le mouvement, Quentin Duteil appelle, en tout cas, tous les "makers" qui le souhaitent à participer. "Ça va être en première page de mon site web, les plans sont dispos. Tout le monde peut trouver quelqu’un qui a une imprimante 3D et en imprimer chez soi”, conclut-il.