RMC

Circulation différenciée: pourquoi les policiers devraient fermer les yeux sur l'absence de vignettes Crit'Air

Plus d'un million de véhicules Crit'Air 4 et 5 ont interdiction de circuler à Paris et dans une large partie de l'Ile-de-France ce jeudi, en raison d'un pic de pollution à l'ozone lié à la canicule. Mais le fait que l'absence de vignette Crit'Air ne soit toujours pas sanctionné limite l'impact de la circulation différenciée, explique un avocat spécialiste en droit routier sur RMC.

Finie la circulation alternée, place ce jeudi à la circulation différenciée à Paris et dans une large zone d'Ile-de-France, en raison d'un pic de pollution à l'ozone lié à la canicule. L'autorisation de circuler ou non, ne dépend plus de votre plaque d'immatriculation (plaque paire ou impaire) comme avant, mais du classement Crit'air de votre véhicule. Les véhicules classés 4 et 5 (véhicules diesel les plus polluants) doivent rester au garage, de même que les véhicules datant d'avant 1997, soit en tout 2,8 millions de voitures interdites.

Voilà donc la nouvelle façon de lutter contre la pollution. Mais dans les faits, ce jeudi, il y aura beaucoup de tolérance sur le terrain pour ceux qui n'auront pas la vignette, assure le commissaire Alain Giblin. "Nous devons mettre le juste curseur entre le fait que cette nouvelle mesure est peu connue – et pour laquelle nous devons faire de la pédagogie -, et certains comportements particulièrement inciviques".

"La question c'est: comment les forces de police vont contrôler les véhicules?"

Sauf que pour l'avocat Rémy Josseaume, spécialiste en droit routier, cette tolérance couplée au fait que l'absence de vignette n'entraîne toujours pas de verbalisation (contrairement au fait de circuler avec une vignette 4 ou 5 ce jeudi) pose problème. "A partir du moment où le défaut de vignette ne constitue pas une infraction à la loi pénale, la question c'est: comment les forces de police vont contrôler les véhicules?". Parce que la vignette est l'outil de verbalisation du classement Crit'Air, et sans vignette, il est très difficile de repérer l'automobiliste contrevenant. "Il va falloir alors l'interpeller, vérifier avec toutes les données techniques du véhicule, dont la carte grise, s'il est en infraction... Mais à mon avis les policiers n'ont pas les connaissances précises des classements de tous les véhicules qui circulent dans Paris".

Conséquence, selon l'avocat, en cette période très sécuritaire et de forte chaleur, les policiers vont certainement fermer les yeux devant de nombreux pare-brise sans vignette, ce qui risque d'avoir un impact sur l'efficacité de cette circulation différenciée.

P. Gril avec Thomas Chupin