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Flexifleet: les pratiques du loueur dans le viseur des syndicats de VTC, une plainte déposée

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Plusieurs chauffeurs VTC se plaignent depuis de nombreux mois des pratiques de Flexifleet, une société spécialisée dans la location de voitures pour les chauffeurs privés.

Depuis 2022, des chauffeurs VTC dénoncent continuellement les pratiques de l'entreprise Flexifleet, une société de location de voiture dédiée aux VTC. Concrètement, Flexifleet prélève directement les loyers pour l'utilisation du véhicule sur ce que gagnent les chauffeurs lors de leurs courses.

Une solution de facilité avec, à la clé, une promesse très alléchante : à la fin du contrat, les conducteurs peuvent devenir propriétaire de leur voiture! Un argument de vente qu’on trouve sur les documents d’information distribués aux chauffeurs, sur les réseaux sociaux, mais aussi sur l’application Uber qui fait la promotion de ces offres.

En octobre, RMC avait pu rencontrer Yoan, un chauffeur qui avait loué une Volkswagen auprès de Flexifleet.

"Quand on va dans les locaux de Flexifleet, la personne en charge de nous faire signer les documents nous fait bien comprendre qu'à la fin, on va devenir propriétaire du véhicule. J'ai donné 49.000 euros, en pensant devenir propriétaire au terme du contrat", relatait à RMC Yoan, chauffeur VTC.
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Une affaire en or… sauf que Flexifleet a fini par saisir sa voiture. En réalité, l’entreprise fait signer des contrats de location longue durée, où à la fin il faut rendre le véhicule. Si l'on souhaite garder la voiture, il faut alors payer une indemnité de non-restitution. Devenir propriétaire est donc loin d’être automatique.

Les plaintes continueraient d'affluer

Après la diffusion d'un sujet sur l'antenne de RMC fin 2022, l’intersyndicale nationale des VTC nous annonçait qu’elle allait porter plainte contre Flexifleet, notamment pour escroquerie et pratiques commerciales trompeuses.

La plainte vient d’être déposée par l’avocate Maître Emma Leoty. Il a fallu beaucoup de temps afin d'analyser avec précision tous les contrats à disposition des plaignants.

Actuellement, l’intersyndicale continue de recevoir des messages de chauffeurs qui se sentent lésés. Ce ne sont pas moins d'une centaine de témoignages en moins d’un an qui ont été récoltés.

Et selon Brahim Ben Ali, le secrétaire général du syndicat INV, Flexifleet n’a pas changé ses pratiques. "Il n'y a rien qui a été rectifié, dit-il. A l'heure actuelle, il y a encore des chauffeurs qui pensent qu'ils vont faire l'acquisition d'un véhicule à la fin."

Flexifleet aurait renforcé ses contrôles en interne

Selon le syndicaliste, "comme on n'a pas parlé de ce sujet depuis un moment, des nouveaux chauffeurs viennent et ne sont pas forcément au courant" des pratiques de Flexifleet.

"J'ai un certain dégoût de voir que finalement on peut arnaquer des chauffeurs en toute impunité dans un pays où l'on est censé les protéger", tacle Brahim Ben Ali, secrétaire général du syndicat INV.

De son côté, Flexifleet dément fermement les accusations portées à son encontre. Selon la société, le contrat est clair : le chauffeur ne peut pas devenir automatiquement propriétaire du véhicule. Ce n'est possible seulement que sous certaines conditions bien précises.

Flexifleet explique toutefois que suite au changement de sa direction il y a trois ans, il y a eu “un assainissement” de ses équipes pour se débarrasser de collaborateurs aux mauvaises pratiques.

Et après notre reportage d’octobre, la société aurait également renforcé ses contrôles en interne. Suffisamment ou non? C’est maintenant à la justice de trancher.

Joanna Chabas, Elise Denjean, Amélie Rosique