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Grève contre la réforme de la SNCF: " Des agents peuvent péter un plomb du jour au lendemain"

Les syndicats représentatifs de la SNCF ont appelé à une manifestation nationale ce mardi pour "remettre la pression" contre la réforme ferroviaire qui prévoit notamment l'ouverture à la concurrence.  Réforme qui se fait déjà sentir.

Vous l'avez certainement constaté dans certaines gares, certains guichets sont vides. C'est l'une des premières conséquences de la réforme, gare de Lyon à Paris par exemple: il n'y a plus qu'une vingtaine d'agents en poste derrière la vitre, 16 postes ont été supprimés. Les agents qui y étaient se sont vu proposer des postes de contrôleurs, parfois de conducteurs où sont en attente de réaffectation.

L'un des autres objectifs de la réforme, c'est le gain de productivité. Exemple très concret pour les TGV. La norme jusqu'ici c'était 6-7h sur les voies pour une rame. En clair, un aller-retour Paris-Marseille par jour. Aujourd'hui, certaines rames roulent 12 heures, 2 allers-retours quotidiens Paris-Marseille. Conséquence pour les agents d'entretiens de maintenance: le travail de nuit se généralise. Les rames ne sont à l'arrêt que la nuit. Avant, c'était exceptionnel a confié un syndicat, demain, tous ces agents vont être obligés de se sacrifier et travailler majoritairement en horaires décalés.

"Les charges de travail s'accumulent"

Parfois les conséquences sont plus dramatiques. Il y a 2 ans, un cadre d’une cinquantaine d’années s’est suicidé à Marseille où François Tejedor exerce son mandat de délégué CGT:

"On lui demandait de réaliser des projets et toujours avec moins de moyens. Cette pression permanente sur la masse salariale et sur le fait de supprimer énormément d'emplois fait que ça retombe toujours sur un cadre. Et les charges de travail s'accumulent, certains sont dépassés et conduisent certains à passer à l'acte. Ça a été le cas de ce cadre-là qui a laissé un courrier expliquant cela".

Un malaise qui irait en s’amplifiant avec l’application de la réforme en cours, dénonce Frédéric Michel, secrétaire du syndicat Sud rail PACA: "On est confrontés à des situations très compliquées: des cheminots qui ont perdu leur emploi donc ils sont placés dans des sortes de Pôle Emploi SNCF régionaux où les conseillers SNCF essaient de leur retrouver un emploi. Ce sont des gens qui sont là depuis 20-25 ans, des agents de manœuvre qui se retrouvent à ramasser des papiers dans les gares par exemple. Ce sont des agents qui sont dans un profond désarroi qui peuvent péter un plomb du jour au lendemain".

Des organisations syndicales de la SNCF qui tirent donc aujourd’hui le signal d’alarme et appellent à la grève.

Thomas Chupin et Lionel Dian