"L’Etat est un mauvais gestionnaire": pourquoi la majorité refuse de nationaliser les autoroutes
C'est une nouvelle hausse des prix que les Français vont devoir assumer. Après les hausses des tarifs du gaz et de l'électricité et alors que ceux de l'essence s'envolent, les prix des péages vont eux aussi augmenter. Alignés sur l'inflation, les tarifs à la barrière vont augmenter de 2%. Cette nouvelle hausse, qui intervient donc en pleine hausse générale des prix, a aussi lieu en pleine campagne présidentielle. Et relance inlassablement le débat sur une nationalisation des autoroutes, concédées au privé en 2006.
Certains candidats à la présidentielle comme Marine Le Pen, Fabien Roussel, Nicolas Dupont-Aignan ou Jean-Luc Mélenchon le souhaitent alors que la revalorisation des tarifs est inscrite dans les contrats entre l'Etat et les sociétés d'autoroutes. Mais ces systèmes de concession qui sont régulièrement pointés du doigt. "Pas assez transparent" ... "avec une rentabilité beaucoup trop favorable pour les sociétés d’autoroute" indiquait en 2020 une commission du Sénat.
Pourtant, pas question de céder à la nationalisation du côté du gouvernement d'Emmanuel Macron. La nationalisation des sociétés d’autoroutes (donc la rupture anticipée de leurs contrats) coûterait trop cher à l’État, entre 40 et 50 milliards d’euros. Le ministre de l'Economique Bruno Le Maire estime qu'il vaut mieux attendre "10 ou 15 ans", jusqu’à la fin des contrats, afin de récupérer les autoroutes "pour zéro euro", alors que les contrats doivent s'arrêter entre 2031 et 2036 selon les réseaux.
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"C'est entrer dans une longue procédure contentieuse avec les sociétés d’autoroutes"
"Il y aussi un risque qui pèse, celui de devoir dédommager entre 40 et 50 milliards d’euros aux sociétés d'autoroute", précise à RMC Vincent Delahaye, sénateur de l’Essonne, membre de l’Union centriste et allié de la majorité. "Il s'agirait de payer aux sociétés qui exploitent les autoroutes les investissements réalisés et les futurs manques à gagner: les contrats actuels doivent se terminer entre 2031 et 2036 et c’est ce qui se fait quand on dénonce un contrat de façon unilatérale", ajoute-t-il.
"C'est une mauvaise idée. L’Etat est un mauvais gestionnaire, on le voit avec les hôpitaux. Ensuite, c’est entrer dans une longue procédure contentieuse avec les sociétés d’autoroutes, qui pourrait durer de 10 à 15 ans et sans doute enrichir les cabinets d’avocats", ajoute le sénateur.
"Aujourd’hui, les société d’autoroutes sont rentrées dans leur frais"
De l'autre côté du spectre politique, on déplore une perte de patrimoine et une hausse annuelle des prix qui a des conséquences pour les Français. "C’est urgent de renationaliser. L'Etat perd son patrimoine et les usagers voient les prix augmenter tous les ans", déplore David Guiraud, porte-parole des Jeunes Insoumis. "C’est nécessaire et c’est rentable parce qu’on a vendu nos autoroutes pour 15 milliards en 2006 alors qu’elles en valaient 25. Plus on attend, plus le prix du rachat va être élevé", ajoute-t-il.
"Aujourd’hui ,les société d’autoroutes sont rentrées dans leur frais et dégagent des excédents d’exploitation faramineux. Il faut donc nationaliser urgemment, c’est notre patrimoine et c’est le portefeuille des Français qui est en jeu", ajoute-t-il.
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