La SNCF épinglée pour afficher des TER complets: "On se bagarre contre sa 'TGVisation'"

La Fédération nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT) épingle la SNCF dans un communiqué publié lundi, pointant du doigt sa pratique d'afficher certains TER (Trains express régionaux) complets alors que ceux-ci ne le sont pas. La mention "non réservable" est parfois aussi affichée alors que ces trains sont justement par principe, au contraire des TGV, sans réservation.
"La SNCF fait des calculs à l'avance. Selon l'achat des gens, quand il y a trop d'achats sur un certain train, elle décide de bloquer la vente pour qu'il ne soit pas archi-plein", a expliqué ce jeudi le président de la FNAUT, François Délétraz, au micro de RMC. "C'est une facilité pour l'opérateur, c'est pour lui permettre de ne pas mettre de places en plus", a-t-il poursuvi.
Des trains avec un "risque de sur-fréquentation"
La SNCF assure que "très peu de trains sont concernés". Dans son communiqué, la FNAUT fait savoir que la direction TER des Hauts-de-France de la SNCF leur a répondu: "Afin d’éviter des situations non acceptables par nos clients en termes de confort et plus généralement pour des raisons évidentes de sécurité des personnes, nous avons mis en place fin 2022, sur les trains présentant un risque de sur-fréquentation, un process de surveillance qui consiste à réaliser un suivi, les jours précédant la circulation, de l’avancement des ventes digitales des trains (en % des places disponibles)."
Ainsi, "dans le cas où le taux est élevé et au vu de l’historique d’accélération des ventes, le train est alors affiché complet sur les canaux digitaux à partir du lendemain", expose ainsi la direction TER des Hauts-de-France.
"La SNCF panique dès qu’un train s’annonce à moitié rempli deux jours avant sa circulation!", a raillé dans son communiqué la FNAUT.
"Le TER est toujours un service public, plus le TGV"
Une pratique rejetée à la fois pour des raisons logistiques et écologiques: "Est-ce qu’il vaut mieux, quand vous avez besoin d’aller quelque part, être assis sur sa valise et y aller, ou rester sur le quai en attendant un éventuel train? Si tous les trains sont complets dans la journée, vous faites comment?", s'est interrogé sur notre antenne François Délétraz. "Confrontés au risque de train complet, les usagers qui le peuvent optent pour la voiture", complète la FNAUT dans son communiqué.
"Le TER est toujours un service public", a affirmé François Délétraz, qui l'oppose au TGV. "Il n'est absolument pas subventionné et le passager paie la totalité du coût", a-t-il expliqué.
"On se bagarre contre la 'TGVisation' du TER, il doit rester quelque chose de simple avec des billets non-nominatifs et les gens doivent pouvoir prendre celui qu'ils veulent. C'est ça qui fait qu'ils basculent de la voiture vers le train", prône François Délétraz.
Selon lui, cette pratique de la SNCF est à son avantage. "Les opérateurs ont tout intérêt à ce qu'il y ait de la réservation obligatoire et afficher les trains complets pour ne pas mettre plus d'offre", a de nouveau affirmé le président de la FNAUT.
Depuis juillet, la réservation obligatoire des TER est expérimentée sur deux lignes de la région Grand-Est, les lignes Paris-Troyes-Mulhouse et Paris-Châlons-Strasbourg. Le collectif d'associations européennes d'usagers des trains #EnTrain avait déjà dénoncé la situation, mettant en ligne une pétition.