"La SNCF n'est plus un service public": seule une gare sur quatre propose encore un guichet de vente

Seule une gare sur quatre a encore un guichet de vente avec du personnel. Selon le bilan d'une étude menée par la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports, publiée lundi 17 juin , il ne reste que 753 guichets de vente de billets TGV INOUI et INTERCITÉS sur 3.023 gares.
Quatre départements situés en Ile-de-France n'ont même aucun guichet de vente et 11 gares situées sur des lignes à grande vitesse (Montpellier Sud de France et Besançon Franche-Comté TGV par exemple) n'ont également pas de guichets de vente.
"La SNCF doit faire de l'argent"
Le président de la FNAUT François Delétraz explique ce jeudi dans Apolline Matin sur RMC et RMC Story que dans la vente de billets, il y a la SNCF mais aussi les régions. "Toutes les petites gares TER sont gérées par les régions, donc la responsabilité incombe aux deux".
C'est la première étude du genre menée par la FNAUT, il n'y a donc pas de comparatif, mais l'association assure que toutes les gares avaient un guichet dans les années 1980.
Pour François Delétraz, "la SNCF n'est plus un service public. Elle doit faire de l'argent, la donne a changé par rapport à l'époque où il y avait des guichets dans toutes les gares de France".
"L’Etat est actionnaire de la SNCF mais exige que la société qui est une société anonyme fasse des bénéfices à la fin de l’année, comme une entreprise normale", rappelle François Delétraz
Ce que la Fédération pointe du doigt, par la voix de son président sur RMC, c'est un manque de réponses: "On nous en apporte aucune. Ce qui s’annonce demain va être pire, la complication du système ferroviaire va être de pire en pire, ça va être un grand souci pour demain."
Les usagers s'adaptent tant bien que mal
Les usagers, eux, s'adaptent non sans mal à la disparition des guichets de vente. A la gare d'Asnières-sur-Seine où vit Laurence, retraitée, depuis quelques années, il est impossible d'acheter un billet de train directement au comptoir: "Il y avait un guichet avec plusieurs peronnes qui délivraient les billets, et maintenant il n'y en a plus donc c'est pour ça que nous allons à Saint-Lazare", explique une usagère au micro de RMC. Et une fois au guichet, à 20 minutes de chez elle, l'attente est souvent longue.
"On s'entraide entre passagers parce que certaines personnes ont un certain âge et ne sont pas habiles avec le numérique", relate une usagère
Bénédicte, grande voyageuse, préfère acheter ses billets en ligne: "Où j'habite, on a une petite gare à côté et on a un très joli guichet mais qui est fermé. Donc ils ont mis un distributeur, on s'entraide entre passagers parce que certaines personnes ont un certain âge et ne sont pas habiles avec le numérique".
Comme le confirme le président de la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports, "certes il y a les smartphones, l’application SNCF ou des applications de vente de billets mais certains n’ont plus de batterie, pas de réseau, pas de connexion".
"On considère que 20% des passagers ont du mal avec le digital. Il y a des gens qui ne savent pas se servir d’un smartphone", justifie François Delétraz.
En tout cas, c'est une solution plus rentable pour la SNCF, analyse Patricia Perennes, économiste spécialiste du transport ferroviaire: "Avoir une personne dans un guichet, si elle vend un billet par jour, ce n'est pas une bonne dépense publique, je suis d'accord.
"Entre ça et complètement couper l'ensemble du service, je pense que ce n'est pas totalement délirant de garder un peu plus de personnel que ce qu'on a fait jusqu'à aujourd'hui", complète-t-elle.
Pour la FNAUT, ces mesures d'économie éloignent les voyageurs de la SNCF.