"Les violences, c'est courant": une famille victime d'insultes antisémites dans le métro parisien

Un homme a agressé verbalement une famille juive dans le métro, mercredi 14 août. L'individu a insulté et tenu une série de propos à caractère antisémite à un couple - dont un homme avec une kippa - sur la ligne 9 du métro parisien.
"Hitler avait raison, il devait tuer tous les Juden" (juifs, en allemand), "je vous crache à la gueule" ou encore "vous tuez des bébés" (en rapport à la situation à Gaza), font partie des propos audibles dans une vidéo, postée sur les réseaux sociaux.
La scène, choquante, n'a entraîné aucune réaction dans la rame, pourtant pleine... à part une jeune femme, qui s'interpose après quelques instants, et qui récoltera elle aussi une série d'insultes.
Des violences courantes
"J'ai été horrifié quand j'ai vu cette vidéo", lance Stéphane Manigold, restaurateur, sur le plateau des Grandes Gueules. Pour le chroniqueur, l'agression est encore une preuve de la montée de l'antisémitisme en France. "L'antisémitisme est millénaire, il gangrène dans les transports, les écoles, la voie publique", assure-t-il.
Le restaurateur est choqué par la scène, mais aussi par l'absence de réaction dans le métro : "Dans cette rame de métro qui était pleine, personne ne s'est interposé", rajoute-t-il.
Linda, auditrice, n'est quant à elle pas étonnée : "Ce n'est pas une surprise (...) on m'a frotté sur la ligne 13, j'ai crié, j'ai pleuré, j'ai hurlé, et personne n'a réagi", raconte-t-elle. Pour elle, les violences dans le métro, c'est "courant".
Une peur ambiante
Louis Gerbier, visage connu de l'émission, tente de comprendre les voyageurs qui n'ont pas réagi. "Il n'y avait pas de mauvaise personne dans ce métro, c'est juste une peur", répond-il.
"Dans le monde dans lequel on vit, il y a des coups de couteau tous les jours... Tu es dans ce métro, tu vois cette personne qui fait 1m90 / 2 m, sous crack, tu sens bien qu'il n'est sûrement pas net", ajoute-t-il, en disant que la jeune femme qui est intervenue est "plus que courageuse".
Elina Dumont, intervenante sociale, croit bien connaître le profil de l'agresseur. "Quand j'ai vu sa démarche, je me suis tout de suite dit que c'était un sans-abri, j'en vois beaucoup dans mon travail", explique-t-elle, ajoutant qu'il pouvait être sous l'emprise de drogue ou de l'alcool".
Une agression similaire à Montpellier
"L'alcool ou la drogue ne sont non seulement pas une excuse, mais c'est une circonstance aggravante", explique Corine Serfati-Chetrit, avocate pénaliste et qui veut se constituer partie civile dans ce dossier.
Une agression du même type -mais en ajoutant des violences physiques- avait eu lieu une semaine plus tôt à Montpellier, dans un tramway. L'auteur a été condamné à deux ans de prison, dont une année ferme avec mise à l'épreuve. "Il ne s'agit pas d'un taré, il s'agit véritablement d'un délinquant qui commet un acte extrêmement violent et grave", ajoute-t-elle.
Pour l'instant, l'auteur des faits n'a pas été retrouvé. Il peut être poursuivi pour "injures antisémites publiques" et "violences verbales".