"Nous n'y arriverons pas": Luc Chatel veut un "assouplissement" de la fin des voitures thermiques en 2035

La situation de l'automobile français n'est pas rassurante. Le groupe français Stellantis a annoncé mardi 30 septembre la mise à l'arrêt temporaire de deux usines supplémentaires en France ce mois-ci à Sochaux et Mulhouse. Le deuxième constructeur automobile européen avait déjà annoncé la semaine dernière mettre au chômage partiel ses ouvriers sur le site de Poissy (Yvelines), mais aussi dans plusieurs usines en Italie, Allemagne, Espagne et Pologne.
Luc Chatel, président de la Plateforme automobile, qui regroupe l'ensemble de la filière auto française, estime que le niveau des ventes de voitures est "anormalement bas" notant particulièrement un chiffre: un recul de 28% par rapport à l'avant Covid. "On vend habituellement 160.000 voitures en septembre, on en a vendu 140.000", explique-t-il.
"On parle d'emplois, mais comment voulez-vous qu'une activité tourne avec trois quarts du marché qu'elle avait il y a encore cinq ans ? C'est ça le sujet de fond", pointe-t-il.
Son organisation a calculé que la filière française va perdre 75.000 emplois d'ici 2035 "si on tient les objectifs imposés".
Les ventes de voitures neuves ont très légèrement augmenté en France en septembre sur un an (+1%, grâce à un jour ouvré de plus et loin de compenser la chute de 6,25% depuis le début de l'année. En septembre, 140.354 voitures neuves ont été immatriculées, selon les chiffres publiés mercredi par la Plateforme automobile (PFA), l'association des constructeurs et équipementiers.
"Là où les Chinois investissent, l'UE met des normes"
L'ancien ministre de l'Education et porte-parole du gouvernement sous Nicolas Sarkozy, estime toujours que l'objectif de fin du thermique en 2035 n'est pas tenable, et demande à l'UE d'être "pragmatique".
"On voit bien que nous n'y arriverons pas", clame-t-il. "Il faudrait en 2025 vendre autour de 25-26% de voitures électriques pour tenir la projection, on est aujourd'hui à 18%. Le frémissement de ce mois-ci est marginal", juge-t-il, notant qu'il y a eu "moins de véhicules électriques vendus en 2024 qu'en 2023".
"Là où les Chinois investissent, l'UE met des normes", regrette Luc Chatel.
"Nous avons imposé une technologie aux industriels avant de laisser faire leur travail et proposer des solutions de décarbonation", regrette-t-il, espérant que cette date butoir sera "assouplie".
"Nous commençons un peu à être entendus", salue-t-il, expliquant que des "propositions d'assouplissement" sont à l'étude à Bruxelles: "On a besoin de temps", plaide-t-il, estimant que si la date de 2035 était tenue fermement il y aurait un "affaissement total du marché".
Il s'inquiète surtout de la part de marché des Chinois en Europe, traditionnellement aux alentours de 1%, aujourd'hui à 7%. "On est à +30% d'importations de voitures chinoises en France depuis le début de l'année 2025", note-t-il, reconnaissant que les véhicules chinois sont "de grande qualité et pas chers".
"Si on ne fait rien nous allons totalement disparaître", alerte-t-il.