"On ne peut plus avoir notre permis illimité": le plaidoyer de Pauline Deroulède, gravement blessée par un automobiliste de 92 ans

75% des Frances serait favorables à un examen médical pour les automobilistes de plus de 65 ans. Pour Pauline Déroulède, athlète paralympique, amputée de la jambe gauche après avoir été fauchée par un automobiliste de 92 ans, il faut même généraliser cet examen à tous les automobilistes.

C'est un serpent de mer. Selon une enquête publiée par Dekra une entreprise qui réalise des contrôles techniques, 75% des Français seraient favorables à un examen médical pour les automobilistes de plus de 65 ans.

Les 65 ans et et plus seraient également 58 % à approuver cette mesure. Et selon une autre enquête Ifop publiée au début du mois, 59% des seniors aimeraient être mieux informés sur les nouveaux panneaux et avoir un rappel du Code de la route.

Mais le sujet divise. Des associations, comme la Ligue contre les violences routières, y sont clairement opposées : pour elles, conditionner la conduite des plus de 65 ans à un examen médical, c'est une fausse bonne idée.

"On ne peut plus avoir notre permis illimité"

Pour Pauline Déroulède, athlète paralympique, amputée de la jambe gauche après avoir été fauchée par un automobiliste de 92 ans en 2018 à Paris, c'est en revanche une piste à étudier.

Selon elle, il faudrait un examen médical régulier pour tous les titulaires du permis de conduire et pas seulement les seniors: "Il ne faut pas stigmatiser uniquement les seniors mais on ne peut pas avoir notre permis illimité. Dans de nombreux pays, on repasse un test d'aptitude à la conduite pour contrôler les capacités sensorielles, la vue et les réflexes. Une visite médicale s'impose", explique-t-elle ce jeudi sur RMC. 

Elle plaide pour un contrôle tous les 10 ans, puis un contrôle plus fréquent à mesure que l'âge avance.

"On n'est pas tous égaux. Des personnes de 50 ans ont des maladies dégénératives et la vue qui baisse alors que des personnes de 80 ans sont tout à fait capables de conduire", justifie Pauline Déroulède. "Comme le contrôle technique, il faut responsabiliser le conducteur et qu'il paie sa visite médicale", ajoute l'athlète.

"Manque de courage politique"

Elle évoque également son cas et la perte de sa jambe gauche après avoir été fauché par un conducteur de 90 ans:

"C'est quelqu'un qui savait qu'il ne devait plus conduire. Je m'entretient régulièrement avec lui et sa fin de vie va être compliquée. On parle souvent des victimes mais pour le responsable d'un accident, c'est compliqué".

Pour Jean-Marie, auditeur de RMC de 82 ans qui fait 30.000 kilomètres en voiture chaque année, une visite médicale est une bonne idée:

"Si un jour je me sens incapable de conduire, j'arrêterai. Mais il vaut mieux avoir fait une visite médicale", plaide-t-il. "Je trouve ça tout à fait normal", ajoute Jean-Marie qui ne s'estimerait pas stigmatisé.

Alors qu'attendent les autorités pour légiférer en ce sens? "Il y a un manque de courage politique", croit savoir Pauline Déroulède. Car les personnes âgées restent celles qui votent le plus aux élections et aucun politique ne se risquerait à se fâcher avec cette tranche de la population.

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Guillaume Dussourt