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Transports

Petits excès de vitesse: "Ce message d’assouplissement peut avoir des conséquences dramatiques"

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Le gouvernement a annoncé que les petits excès de vitesse de moins de 5 km/h ne seraient plus sanctionnés par le retrait d'un point sur le permis de conduire. Une mesure qui contente plutôt les automobilistes. Mais certains dénoncent une annonce qui vise à laver l'impopularité de l'exécutif.

À partir du 1er janvier 2024, il n’y aura plus de retrait d'un point pour les excès de vitesse inférieurs à 5 km/h. L’annonce a été faite par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, mercredi soir. Alors, pour ceux qui appuient le plus sur le champignon, "c'est une bonne nouvelle". "C’est vrai que je roule vite et là, je suis très limite sur mon permis de conduire. Il doit me rester quatre points", indique un motard. “5 km/h, on peut vite les atteindre donc c’est une bonne chose qu’il n’y ait pas de retrait de point”, affirme une automobiliste.

Plus de souplesse avec les Français, notamment pour ceux qui utilisent leur voiture pour aller travailler, c'est le souhait du ministre de l'Intérieur. Mais la mesure ne va pas assez loin pour Morad, chauffeur de taxi parisien. “Je suis aussi pour la diminution du montant de l’amende. Les temps sont durs pour tout le monde”, confie-t-il.

Pour le porte-parole de l'association 40 millions d'automobilistes, Pierre Chasseray, cette annonce est un bon signal.

“Ce qu’il faut, c’est distinguer le chauffard du chauffeur. Il faut s’en prendre à celui qui véritablement transgresse les règles, mais honnêtement à quoi bon sanctionner d’une perte d'un point et d’une amende quelqu’un qui a fait une petite faute d'inattention tout en bas d’une descente, parce que caché derrière un tunnel, il y avait un radar? C’est cet excès de vitesse-là que Gérald Darmanin ne veut plus sanctionner donc c’est une bonne mesure”, appuie-t-il.

Mais cet allègement alarme cette monitrice d'auto-école. “Sur la prévention, on fait marche arrière. Les personnes qui cumulent au fur et à mesure des petites infractions, ce ne sont pas des grands délinquants de la route, mais ça reste des petits délinquants quand même. C’est avec les petites sanctions qu’on prend conscience. Là, il n’y en aura plus”, assure-t-elle.

Cette annonce vise surtout à laver l'impopularité du gouvernement selon Gilles Fouriscot, avocat spécialiste du droit des victimes de la route. “Dans ce contexte de tension sociale, on veut faire croire que c’est un cadeau fait aux automobilistes. Je trouve ça totalement écoeurant de privilégier le sens électoral au lieu de privilégier la sécurité des Français”, regrette-t-il.

Une annonce de circonstance?

Un avis que partage Vincent Julé-Parade, avocat spécialisé dans la défense des victimes de la route. Il trouve cette mesure démagogique et dangereuse pour la sécurité routière.

“Monsieur Darmanin aurait-il annoncé cela en période de grand calme social? Je ne le pense pas et malheureusement, je pense que c’est un mauvais calcul politique parce qu’il y a des vies en jeu. La route a causé énormément de dégâts. À chaque fois qu’on a souhaité envoyer un message, même parfois minime d’inflexion d'une politique de sécurité routière, ça s’est traduit par un relâchement des Français. Ce message d’assouplissement peut avoir des conséquences dramatiques. C’est vraiment la symbolique de ce message qui est critiquable”, assure-t-il.

L'an dernier, 3.260 personnes ont été tuées sur les routes en France. Un chiffre en hausse par rapport à 2019.

Maryline Ottmann avec Guillaume Descours