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Remise sur le carburant: et si on aiguillait plutôt les aides sur les autres modes de transports?

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TER, train de banlieue, bus, tram... Pour contrer la flambée des prix du pétrole, de nombreux pays mettent en place des réductions sur des modes de transport alternatifs à la voiture. Faudrait-il faire pareil plutôt que d'utiliser 4.4 milliards d'euros d'argent public pour financer les aides au carburant?

Soulagement pour le porte-monnaie des automobilistes. A partir de ce jeudi et jusqu’au 31 octobre, la remise à la pompe du gouvernement passe de 18 à 30 centimes. Un coup de pouce qui redescendra ensuite à 10 centimes d’euros par litre de carburant en novembre et décembre. Une mesure pour contrer la flambée du prix du carburant, mais un coût important pour l'Etat: 4,4 milliards d’euros selon le ministère de l'Economie et des Finances. Et un dispositif qui revient à subventionner des énergies fossiles. Est-ce donc la meilleure solution?

Certains pays européens ont ciblé différemment leurs aides pour aider à multiplier les alternatives à la voiture et soulager le budget des voyageurs. A commencer par la gratuité des transports en commun, au Luxembourg par exemple, les bus, trains et métros sont gratuits depuis 2020.

Gratuité des trains en Espagne

D'autres pays ont suivi l'exemple, début août. Face à une inflation de plus de 10 % dans le pays, l'Espagne a instauré la gratuité des trains de banlieue et des lignes moyenne distance. Une opération de quatre mois à compter du 1er septembre. Le gouvernement espagnol estime que les habitants de Madrid ou Barcelone pourraient économiser plus de 300 euros grâce à l'opération.

Autre alternative: des abonnements à prix cassés. Depuis juin, les Allemands ont par exemple eu droit à un ticket à 9 euros valable pour tous les transports en commun locaux et régionaux. Cela aurait permis d'économiser 1,8 million de tonnes de CO2 d'après des données officielles. Mais l'expérience, qui a coûté près de 3 milliards d'euros au gouvernement, ne sera pas prolongée pour l'instant, faute de budget.

Faut-il financer la gratuité des transports publics?

En France aussi, des communes tentent d'encourager à des mobilités plus vertueuses que la voiture. Patrice Vergriete, maire divers gauche de Dunkerque, nous explique ce jeudi sur RMC que la gratuité des transports publics a des résultats positifs depuis sa mise en oeuvre, sans trop altérer les finances publiques de la ville.

"On utilise le levier du pouvoir d'achat pour faire évoluer les comportements", justifie-t-il. "Et le bus gratuit est l'une des mesures que l'on a mis en place à Dunkerque et ça fonctionne très bien car on a doublé la fréquentation en seulement 4 ans. Il faut utiliser le pouvoir d'achat pour donner des alternatives à la population pour les emmener sur des comportement plus vertueux en matière de climat et d'environnement."

Il estime que l'on aborde en France les questions de transport avec "trop d'idéologie" politique. "C'est du pragmatisme, pas un choix politique de droite ou de gauche. Le transport public gratuit, il y en a des deux côtés, ce n'est pas si politisé que l'on peut l'imaginer."

"Ça coûte moins cher que l'on imagine"

D'autant que l'argument de l'investissement des finances publiques n'en est pas un pour les villes de taille moyenne selon lui, les recettes des abonnements et billets ne représentant qu'une petite part des dépenses de fonctionnement des transports.

"Ça coûte, mais ça coûte parfois moins cher que l'on imagine. Ça coûte moins cher que de faire un tramway par exemple. A Dunkerque, ça a effacé 4.5 millions d'euros de billeterie, moins d'un pourcent du budget de la commune. On se fait une montagne du prix de la gratuité des transports publics, mais danjs la majorité des aglomérations, 80 à 90% du coût total transport est déjà financé par les collectivités. Dans les agglomérations moyennes, la billetterie ne représente que 10 à 20% sur le coût du transport. Ce n'est donc pas si inaccessible que ça", argue-t-il, estimant que les 4.4 milliards d'euros de l'Etat investis pour la remise carburant pourraient être ainsi mieux répartis.

J.A.