"Routes d'Europe": connaissez-vous le "flygskam", cette honte de prendre l'avion qui inquiète les compagnies aériennes?
Le "flygskam", la honte de prendre l’avion est un mot nouveau qui vient de rentrer dans le dictionnaire suédois. Mais c’est aussi un mouvement citoyen écologiste qui fait trembler l’industrie aérienne, à quelques jours des élections européennes.
Depuis la fin de l’année dernière, de plus en plus de Suédois privilégient les autres moyens de transport pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Résultat, au premier trimestre 2019, le nombre de passagers a reculé de plus de 4 % sur un an, et même de 5 % sur les vols intérieurs.
A l’inverse, le chiffre d’affaires de la SNCF suédoise a fait un bond de 10% sur la même période. Le "flygskam" est un des facteurs qui expliquent cette baisse, admet l’Agence suédoise des transports, qui a publié ces chiffres.
"Ce n’est pas une question d'argent, c'est avant tout pour l’environnement"
Au pays de la jeune militante écologiste Greta Thunberg, la conscience environnementale prend son envol et les avions restent au sol, comme nous l'avons constaté à la gare centrale de Stockholm. Pour ses vacances au ski avec ses amis cet hiver, Jennie a changé ses habitudes. L’avion, pas question. Trop polluant.
"Lors de notre dernier voyage dans les montagnes suédoises, on a pris le train plutôt que l’avion. Le train était plus cher, ce n’est pas une question d'argent, c’était avant tout pour l’environnement."
"Les Suédois sont en train de se réveiller"
Une prise de conscience récente pour cette fonctionnaire suédoise, mère de trois enfants.
"Il y a 10 ans, j’aurais pensé différemment, parce que la question de l’environnement n’était pas aussi centrale, donc j’aurais pris l’avion. Mais aujourd’hui, ça fait partie de mes préoccupations quotidiennes, beaucoup plus qu’avant."
La honte de prendre l’avion, le flygskam en suédois, se diffuse dans la société. Le débat s'immisce à la maison, ou au bureau. Comme le constate Mattias.
"J’en ai entendu parler, c’est partout, sur les réseaux sociaux, dans les médias. C’est vraiment dans l’air en ce moment."
Conséquence, 5 millions investis par le gouvernement sur les trains de nuit
Maja Rosen est l’une des militantes qui ont initié le mouvement. 10 ans qu’elle n’est pas montée dans un avion. Et elle se félicite de voir de plus en plus de suédois suivre ses pas.
"Les Suédois sont en train de se réveiller. On voit déjà que les gens prennent moins l'avion : au premier trimestre de cette année, il y a eu 380.000 billets vendus en moins. Et en parallèle, on constate un engouement pour le train."
Message reçu au gouvernement. Après avoir voté une taxe sur les billets d’avion en 2018, l’Etat suédois a annoncé son intention d’investir près de 5 millions d'euros dans l’offre de trains de nuit à destination des grandes villes européennes.