Seine-et-Marne: après l'affaire Palmade, le préfet durcit les sanctions sur la route
C’en est trop pour Lionel Beffre, le préfet de Seine-et-Marne. Face aux mauvais chiffres de la sécurité routière dans sa juridiction, et quelques semaines après l'accident de Pierre Palmade, le barème de suspension du permis est revu à la hausse à partir d'aujourd'hui.
Pour un taux d'alcool supérieur à 0.40mg/ litre d'air expiré ou un excès de vitesse de plus de 40km/h, le permis sera automatiquement et administrativement suspendu pendant 6 mois.
"Ce nouveau barème aggrave la durée des suspensions de permis de conduire pour les infractions et délits de conduite sous l'empire d'un état alcoolique et d'excès de vitesse", indique le préfet dans un communiqué.
Chaque département a son barème
Cette décision fait suite à "la dégradation de la sécurité routière en 2022 et en ce début d'année 2023", a expliqué Lionel Beffre à l'AFP, en précisant que l'accident provoqué par l'humoriste Pierre Palmade sur une route départementale du sud de la Seine-et-Marne "n'a fait que renforcer notre choix".
A compter de ce vendredi, c'est la sanction maximale qui est donc directement appliquée alors qu'auparavant la "sanction était progressive" selon le taux d'alcool et l'excès de vitesse, a précisé le préfet. Chaque département "a son barème" puis le "judiciaire prend le relais" en infirmant ou confirmant la sanction administrative, a rappelé Lionel Beffre.
En 2022, la Seine-et-Marne a dénombré 894 accidents contre 770 en 2021, et 58 personnes ont été tuées contre 51 en 2021. Un total de 3.260 personnes sont mortes sur les routes de France métropolitaine en 2022, selon les chiffres de la Sécurité routière.
Un avocat dénonce "l'effet d'annonce Palmade"
Pour les automobilistes du département, rencontrés à Melun, la décision du préfet est plutôt saluée. “Ça aurait dû être comme ça depuis longtemps. Même moi ça m’arrive de boire un verre ou deux, et des fois de ne pas être bien dans la limite, mais on en assume les conséquences”, explique Ali.
Mais avec ce durcissement, certains risquent désormais gros, à l'image de Damien. Ce chef de chantier écume l'Île-de-France toute l'année en voiture, et perdre son permis n'est clairement pas concevable.
“Pour retrouver du boulot, en habitant en Seine-et-Marne qui n’est pas très bien irrigué par les transports en commun, c’est compliqué de pouvoir se déplacer sans la voiture”, explique-t-il.
Alors Damien assure qu'il sera plus vigilant.
Du côté de l’avocat spécialisé en droit routier, Jean-Baptiste Iosca, cette approche répressive n'est tout simplement pas la bonne. Il dénonce l’effet “d'annonce Palmade”, arguant qu’il y aura inévitablement “des personnes qui recommenceront à conduire sans assurance et sans permis de conduire”. “Il faut utiliser les conducteurs autrement et pas les sanctionner stupidement”, assure-t-il, tout en demandant plus de pédagogie dans la prise en charge de délits routiers.