SNCF: faut-il encadrer et limiter le droit de grève? "La haine du cheminot ne peut pas tout justifier"

C'est le retour des appels à la grève cette semaine à la SNCF. Les syndicats de cheminots ont décidé d'appeler à la mobilisation ce jeudi 21 novembre. Un préavis a été déposé, tout comme pour plusieurs jours à partir du 11 décembre.
Des syndicats qui s'opposent au démantèlement de Fret SNCF. Dans La Tribune Dimanche, le patron de la compagnie ferroviaire Jean-Pierre Farandou "en appelle au sens des responsabilités des cheminots", estimant que "la grève est évitable" et qu'il faut passer par des négociations plus que par des grèves pour éviter de gâcher Noël pour les usagers avec des grèves.
Et dans le même temps, la droite fait pression pour que le droit de grève à la SNCF soit désormais encadré et limité. Donner au gouvernement la liberté d'empêcher une grève de cheminots jusqu'à 30 jours par an, à Noël ou pendant les ponts par exemple. Une proposition de loi qui existe déjà. Elle a été votée par le Sénat au printemps dernier, mais est portée disparue depuis la dissolution de l'Assemblée. L'exécutif doit la reprendre, plaide le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, sur Public Sénat.
"J’avais déposé, lorsque j’étais président du groupe LR au Sénat, un texte qui interdisait aux heures de pointe des grèves qui seraient intempestives. Je pense qu’on mériterait que ça se fasse. Les cheminots prennent régulièrement en otage les Français qui travaillent. C’est ce que j’appelle la gréviculture", déplore-t-il.
Des propos qui révoltent Fabien Villedieu, secrétaire fédéral de Sud-Rail. "Je tiens à dire que je ne suis pas un preneur d’otage. C’est insupportable dans un monde où il y a du terrorisme, où il y a des gens qui aujourd’hui sont pris en otage. Ce mot est vraiment insupportable. Le droit de grève est un droit constitutionnel. Donc si on nous explique qu’exercer un droit constitutionnel, qui est déjà régulé avec des préavis cinq jours avant et une alarme sociale 15 jours avant, c’est être preneur d’otage, il faut arrêter. La haine du cheminot ne peut pas tout justifier", dénonce-t-il ce lundi matin sur RMC.
Des ministres opposés à l'encadrement du droit de grève dans les transports
La position de Bruno Retailleau ne fait pas l'unanimité au gouvernement. Le droit de grève ne s'encadre pas, répond par exemple Laurent Saint-Martin, ministre des Comptes publics, sur LCI. “Je crois au dialogue social et je crois qu’on peut toujours arriver à un aboutissement sans avoir à revenir sur un droit constitutionnel qui est le droit de grève. Donc je pense qu’il ne faut pas le faire”, appuie-t-il.
Et le ministre des Transports François Durovray, premier concerné, est lui aussi contre. "Encadrer le droit de grève dans les transports n'est pas d'actualité" fait savoir son entourage à RMC. Une manière d'éviter de brusquer les syndicats, alors que la crainte d'une grève pour Noël plane toujours.