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Violences de mineurs: Gabriel Attal entame ses consultations, LFI dénonce une "dérive autoritaire"

Gabriel Attal lors d'une visite au collège-lycée du Parc Impérial pour lancer une expérience d'"internat éducatif" pour les élèves en difficulté à Nice, le 22 avril 2024.

Gabriel Attal lors d'une visite au collège-lycée du Parc Impérial pour lancer une expérience d'"internat éducatif" pour les élèves en difficulté à Nice, le 22 avril 2024. - Valery HACHE / POOL / AFP

Gabriel Attal a débuté lundi avec l'Insoumise Mathilde Panot les consultations avec les groupes politiques autour de ses propositions destinées à endiguer la violence d'une partie de la jeunesse, après une nouvelle bagarre mortelle impliquant un mineur.

Le Premier ministre a reçu pendant une heure la cheffe de file des députés de La France insoumise et le coordinateur de LFI Manuel Bompard, qui a dénoncé une "dérive autoritaire" du pouvoir à la veille d'une convocation par la police de Mathilde Panot pour "apologie du terrorisme".

Gabriel Attal s'entretient aussi en soirée avec les représentants de la majorité: le chef de file des sénateurs Renaissance François Patriat, celui des députés Renaissance Sylvain Maillard, le président du groupe Horizons à l'Assemblée, Laurent Marcangeli, et le député Erwan Balanant pour le groupe MoDem.

Ces rencontres ont lieu après le décès samedi soir d'un mineur de 15 ans à Châteauroux, dans une bagarre à l'arme blanche, et plusieurs faits récents de violences entre jeunes qui ont fortement marqué l'opinion, comme le passage à tabac mortel à Viry-Châtillon (Essonne) de Shemseddine, 15 ans, près de son collège.

L'auteur présumé des faits à Châteauroux, également âgé de 15 ans, a été arrêté et doit être déféré lundi devant la justice.

"La prison et l'avion"

Le fait qu'il serait "d'origine afghane" selon une source proche de l'enquête a conduit plusieurs figures de la droite et de l'extrême droite à dénoncer la "politique migratoire" du gouvernement.

Une critique récurrente de ce côté de l'échiquier dans la campagne des européennes, où la majorité macroniste se trouve largement distancée par le Rassemblement national.

"C'est un nouveau drame lié à notre politique migratoire", a affirmé sur X le président et tête de liste du RN pour le scrutin du 9 juin, Jordan Bardella. Il sera reçu à son tour par Gabriel Attal jeudi à 12h, selon l'agenda de l'eurodéputé.

"Aucune tolérance, c'est la prison et l'avion !", a abondé le patron des Républicains Éric Ciotti, toujours sur X. "Les Français veulent une révolution pénale et une vraie loi immigration", a écrit le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau.

Gabriel Attal avait déjà reçu vendredi sur le même thème la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet après avoir déjeuné mardi avec des maires de villes frappées par les émeutes de l'été 2023 qui avaient impliqué de très jeunes gens. À Viry-Châtillon, le chef du gouvernement avait annoncé le 19 avril une série de mesures pour faire face à "l'addiction de la violence" de certains jeunes.

"Course derrière l'extrême droite"

Il avait notamment souhaité que les élèves perturbateurs soient "sanctionnés" dans l'obtention de leurs diplômes scolaires, conditionnant l'effacement de cette mention à "la réalisation d'activités d'intérêt général et, bien sûr, de se tenir à carreau".

Sur le volet judiciaire, il s'était dit prêt à ouvrir le débat sur des "atténuations à l'excuse de minorité" dans les condamnations pénales et sur la possibilité de "mettre en place une comparution immédiate devant le tribunal pour les jeunes à partir de 16 ans". Il avait aussi insisté sur la responsabilisation des parents.

Mathilde Panot a déploré lundi que le Premier ministre "préfère faire des annonces sur les sanctions" et "choisir de faire la course derrière l'extrême droite", sans donner de réponses sur "la prévention" ou l'éducation.

"L'extrême droite avait, dans son programme sur l'éducation, l'uniforme. Ils en ont rêvé, la macronie l'a fait". Sur le rétablissement de l'autorité dans les établissements scolaires, "là aussi, l'extrême droite en avait rêvé, ils l'ont fait", a-t-elle dénoncé.

Mathilde Panot s'est toutefois félicité d'avoir obtenu une "recentralisation de l'aide sociale à l'enfance" qui devrait figurer dans un rapport sur la décentralisation que le député Eric Woerth doit rendre vendredi.

Ces concertations doivent faire l'objet d'un point d'étape dans quatre semaines et d'une conclusion dans deux mois. Gabriel Attal s'était aussi rendu lundi dernier à Nice en illustrant le volet "prévention" de son projet par la visite d'un internat éducatif en expérimentation.

RMC avec AFP