RMC

Procès France Telecom: "J'éprouve du dégoût" à l'égard de Didier Lombard, affirme le fils d'une des victimes

Ce mardi, se tenait le deuxième jour du procès des suicides de France Telecom, consacrée à la présentation des 8 prévenus. Était très attendue notamment la prise de parole de l'ex-PDG Didier Lombard, jugé pour "harcèlement moral" après une vague de suicides qu'a connue l'entreprise notamment entre 2008 et 2009.

"Je n'y peux rien", a déclaré celui qui était patron de l'opérateur de 2005 à 2010. Il a insisté sur le contexte économique difficile de l'entreprise à l'époque.

Pendant une heure et quart l'ex-PDG Didier Lombard a répondu aux questions du tribunal sur son parcours et sur sa perception des faits qui lui sont reprochés. Des faits, qu'il conteste toujours.

"Je n’aurais pas été là ça aurait été pareil ou même pire"

"Que les transformations imposées n’aient pas été agréables je n'y peux rien c'est comme ça, je n’aurais pas été là ça aurait été pareil ou même pire", assène Didier Lombard.

Transformations que "n'ont pas supporté" certains salariés, selon lui. Des victimes et leurs familles à qui il dit son "profond chagrin" dans une lettre qu'il lit froidement à la barre. Le banc des parties civiles rit alors nerveusement.

Tout comme lorsque l'ancien patron réfute une "crise sociale" mais évoque plutôt une "crise médiatique" pour justifier la vague de suicides en 2009 dont les chiffres "ont été montés artificiellement", dit-il d'une voix claire et assurée: "si vous parlez des suicides, vous les multipliez, je ne pouvais pas les arrêter".

A la fin de son audition, l’un des avocats des parties civiles lui demande s'il a des regrets, Didier Lombard rétorque: "Je ne répondrai pas à cette question".

"L’ensemble de ce qu’il dit c’est que rien n’est de leur faute au final"

Pour Raphaël Louvradoux, dont le père est mort en 2011 immolé par le feu sur son lieu de travail, Didier Lombard se défausse de ses responsabilités.

"Honnêtement, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre à part à ça. Ce qui s’est passé selon lui, c’est une suite de facteurs extérieurs et multiples. C’est la faute à la privatisation, aux contraintes, à des transformations imposées à l’entreprise d’une part et c’est aussi dû à des personnes qui n’ont peut-être pas pu supporter ces transformations. L’ensemble de ce qu’il dit c’est que rien n’est de leur faute au final. Je ne suis pas surpris et pourtant, j’éprouve quand même un certain dégoût à l’égard de ce qu’il vient de dire".
Gwladys Laffitte (avec Caroline Petit)