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Procès France Télécom: le témoignage de Noël, victime rescapée qui dénonce le "mépris" de la firme

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Noël Rich, salarié chez Orange qui a tenté de mettre fin à ses jours en 2010, suit depuis deux mois le procès et dénonce le mépris des prévenus et espère une condamnation "même symbolique" des anciens dirigeants.

Le procès France Telecom touche à sa fin. Les deux procureures vont faire aujourd'hui leurs réquisitions. Depuis le 6 mai le tribunal examine le cas de 39 salariés, dont 19 se sont suicidés. Jeudi a marqué la fin de trois jours de plaidoiries pour les parties civiles dans ce dossier, "un immense accident du travail organisé par l'employeur", a notamment plaidé l'un des avocats des parties civiles.

7 prévenus comparaisssent au tribunal correctionnel de Paris depuis 2 mois. 3 ex-dirigeants sont jugés pour harcèlement moral: l’ancien président Didier Lombard, son ex-numéro deux Louis-Pierre Wenès et le directeur groupe des ressources humaines Olivier Barberot. 4 autres responsables sont jugés pour complicité. 

"Nous n'étions rien et nous ne sommes toujours rien, et j'ai peur que nous ne soyons jamais rien pour eux"

Noël Rich fait partie de ces victimes, il a suivi jour après jour les débats. Ce salarié qui travaille toujours à Orange, à Clermont-Ferrand, a tenté de se suicider en février 2010 sur son lieu de travail. Un procès intense émotionnellement pour lui.

Chaque jour, depuis le 6 mai, il parcourt les 200 mètres qui séparent son hôtel du tribunal. Chaque soir il sort de la salle d’audience avec le sentiment du devoir accompli : par sa présence il dit vouloir représenter ceux qui se sont suicidés. Mais chaque soir, Noël Rich regrette l’attitude des prévenus.

"Ce mépris affiché depuis le début ils refusent de reconnaître. C'est nous, victimes, qui étions coupables d'être fragiles. Nous n'étions rien et nous ne sommes toujours rien, et j'ai peur que nous ne soyons jamais rien pour eux."

"Même si c'est une peine symbolique ce sera une tâche sur leur veston"

Noël Rich espère que les procureures vont requérir une condamnation : "Même si c'est une peine symbolique ce sera une tâche sur leur veston." Mais après deux mois de procès, sa colère reste toujours la même.

"J'espère enfin être en paix avec moi-même et que je n'étais coupable de rien sinon de vouloir mettre fin à mes jours."

A la fin du procès Noël Rich retournera chez lui à Clermont-Ferrand où il travaille toujours chez Orange.

Gwladys Laffite (avec James Abbott)