Vincent Lambert: comment va se passer l'arrêt des traitement?

Comment va se passer l'arrêt des traitements de Vincent Lambert? - François Nascimbeni / AFP
L'arrêt des traitements de Vincent Lambert, patient tétraplégique en état végétatif depuis plus de 10 ans, reprend "ce mardi", a annoncé à la famille le médecin du CHU de Reims.
"Le cours de la procédure d'arrêt des traitements", à laquelle la Cour de cassation avait ouvert la voie vendredi, "sera poursuivi à partir de ce jour", a déclaré par courriel le docteur Vincent Sanchez à chacun des membres de la famille de M. Lambert.
Comment va se passer l'arrêt des traitements de Vincent Lambert? Quelle différence avec l'euthanasie? Ce processus, qui reprend mardi après une décision de la Cour de cassation, obéit à un cadre strict, du point de vue de la loi comme de l'éthique.
- Comment arrête-t-on les traitements?
Les médecins vont arrêter la nutrition et l'hydratation artificielles qui sont prodiguées à Vincent Lambert, tout en mettant en oeuvre une "sédation profonde et continue" jusqu'à sa mort.
Cette procédure est encadrée par la loi Claeys-Leonetti de 2016, qui interdit l'euthanasie et le suicide assisté mais autorise l'arrêt des traitements en cas "d'obstination déraisonnable". Selon cette loi, les traitements peuvent être "suspendus" lorsqu'ils "apparaissent inutiles, disproportionnés ou lorsqu'ils n'ont d'autre effet que le seul maintien artificiel de la vie".
La décision doit être prise par les médecins de façon "collégiale".
Quand une personne ne peut exprimer sa volonté, comme Vincent Lambert, la "sédation profonde et continue jusqu'au décès" est "une mesure de précaution" pour être sûr "que le patient ne souffre pas", selon les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS). Pour la sédation, on utilise le midazolam en intraveineuse. Ce médicament de la famille des benzodiazépines est puissant et son action rapide.
Avec l'arrêt simultané de l'hydratation et de l'alimentation, la mort survient aux alentours d'une semaine.
- Vincent Lambert va-t-il "mourir de faim et de soif"?
C'est l'argument des opposants à l'arrêt des traitements, dont ses parents, soutenus par des associations catholiques. Au-delà du cas Lambert, l'argument est également utilisé dans un camp pourtant diamétralement opposé: les militants pro-euthanasie, qui jugent que la loi Claeys-Leonetti ne va pas assez loin pour les patients incurables.
Cet argument est en revanche réfuté par les spécialistes des soins palliatifs.
Par ailleurs, la déshydratation peut renforcer le processus de sédation, car l'insuffisance rénale qu'elle provoque entraîne des phénomènes naturels d'endormissement liés à la non-élimination de certaines substances.
- A quoi sera due sa mort?
A la défaillance des organes, qui cesseront de fonctionner après l'arrêt des traitements. En raison de l'insuffisance rénale, le potassium s'accumulera dans le sang et finira par provoquer l'arrêt du coeur.
L'équipe soignante se doit d'accompagner le patient jusqu'au bout, avec des soins comme la toilette, le toucher-massage, les soins de bouche (compresses humidifiées contre la sécheresse...) ou des yeux (gouttes).
- Quel rapport avec l'euthanasie?
C'est le coeur du débat. Ses parents, un demi-frère et une soeur estiment que Vincent Lambert est un handicapé et que lui couper la nutrition et l'hydratation équivaut à une forme d'euthanasie.
A l'inverse, son épouse Rachel, cinq de ses frères et soeurs et son neveu dénoncent un "acharnement thérapeutique" en raison des lésions irréversibles causées à son cerveau par un accident de la route en 2008.
Leur point de vue a été conforté à plusieurs reprises par la justice, selon laquelle la poursuite du traitement traduirait bien "une obstination déraisonnable".
Ce débat très sensible, qui fait appel aux convictions éthiques et religieuses de chacun, a été relancé l'an dernier lors des Etats généraux de la bioéthique. Mais le gouvernement n'a finalement pas inclus la question dans la prochaine loi de révision de la bioéthique. Dans deux avis successifs, le Conseil d'Etat puis le Comité d'éthique (CCNE) ont jugé que la loi Claeys-Leonetti ne devait pas être modifiée.