"Gilets jaunes" à La Réunion: "On est carrément dans un climat insurrectionnel"
La Réunion vit au ralenti depuis l'apparition des premiers barrages routiers, samedi, mis en place par les gilets jaunes. Le préfet a instauré mardi un couvre-feu dans la moitié des communes de l'île. Un policier a été grièvement blessé lors d'affrontements.
La situation reste tendue à La Réunion depuis l'installation des premiers barrages routiers samedi, mis en place par les "gilets jaunes". L'île est à l'arrêt, services publics, écoles, la plupart des commerces et des stations-service sont fermés.
Ce couvre-feu est entré en vigueur mardi soir pour trois nuits, et doit "permettre aux forces de l'ordre de se concentrer sur leur mission de sécurisation", a précisé le préfet, Amaury de Saint-Quentin.
Depuis samedi, plusieurs villes réunionnaises sont le théâtre de pillages et de diverses violences urbaines à partir de la nuit tombée. Plusieurs supermarchés et autres commerces ont été attaqués dans la nuit de lundi à mardi, notamment à Saint-Denis, le chef-lieu. Neuf policiers ont été blessés.
"Un policier a été grièvement blessé"
A Radio Freedom, le standard reçoit plus de 1.000 appels par jour, deux fois plus que d'habitude. Les auditeurs qui veulent connaitre l'emplacement des barrages ou savoir s'il y a des violences. Charles Luylier est journaliste à Radio Freedom et il a vu, dans ces appels, une nette évolution du mouvement:
"On a vraiment franchi un cap, des jeunes qui n'ont rien à voir avec le mouvement, des jeunes désœuvrés qui sont bien souvent au chômage et qui profitent de la nuit tombée pour piller, voler, casser. On n'est même pas au niveau du chaos, on est carrément dans un climat insurrectionnel".
Le couvre-feu n'a pas apaisé les esprits: "Il y a eu beaucoup voitures brûlées et des magasins pillés. Le couvre-feu a exacerbé les tensions entre les jeunes, non 'gilets jaunes', et les policiers. Un policier a été grièvement blessé à la main et pourrait en perdre l'usage", relate Charles Luylier sur RMC. Contactée par RMC, la préfecture de la Réunion confirme qu'un agent a bien été grièvement atteint lors d'affrontement à Saint-Denis.
Ces jeunes désœuvrés, Arnaud en a vu, en sortant de la commune du Tampon. Ils étaient sur un barrage, parmi les gilets jaunes: "J'ai rebroussé chemin à 50 mètres parce qu'il y avait un jeune en état d'ébriété. J'ai un voisin à qui on a demandé de l'argent pour passer à un barrage. On a l'impression que ce sont eux qui font la loi".
La ministre des Outre-Mer, Annick Girardin, a promis une "réponse ferme de l'État". Le couvre-feu est en vigueur pour les deux nuits prochaines.
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