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Les Grandes Gueules

"Il y a eu des coups, des viols, et un jour j’ai osé porter plainte": le témoignage glaçant d'Emilie, victime de violences conjugales

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Témoignage RMC - Emilie raconte comment elle a subi et continue de subir violences et pressions de la part de son ex-compagnon avec qui elle a eu deux enfants. Elle déplore également le manque d'écoute des policiers et de la justice.

Une femme a été touchée par balle avant de mourir brûlée vive mardi à Mérignac près de Bordeaux. Son mari a été interpellé dans la foulée, alors qu'il déambulait dans les rues de la commune armé d'un fusil. C'est un nouveau drame qui semble montrer une nouvelle fois des carences de la justice en la matière alors que le mari de la victime avait déjà été condamné pour violences conjugales et venait de sortir de prison pour les mêmes faits.

Le manque d'écoute, le manque de formation et d'action des forces de l'ordre et de la justice, c'est ce que raconte ce jeudi sur le plateau des "Grandes Gueules" Emilie, aide-soignante qui a vécu 10 ans avec son ex-compagnon, le père de ses deux enfants. Elle raconte ce jeudi sur RMC avoir toutes ces années subit les coups et évoque une descente aux enfers, le jour où elle a pris la décision de se séparer : "Il y a eu des coups, des viols, de la manipulation et un jour j’ai osé porter plainte. Il n’y a jamais eu de suite malgré les confrontations les témoignages. Une (OPJ) Officier de police judiciaire m’a même dit lors d’une confrontation devant lui d’arrêter de porter plainte tous les 4 matins". Et cela malgré les certificats médicaux et les jours d’ITT :

"Pour eux, ce n’était pas suffisant. Nous étions séparés et ce n’était pas suffisant pour les policiers. Quand on s’est séparé, il a pris un logement à 100 mètres de chez moi. Il me suivait jusqu’à mon domicile, y rentrait et m’assénait des coups sur le corps, jamais sur le visage. À la fin on refusait de prendre mes plaintes, j’ai fini par arrêter d'en déposer".

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"Il y a des policiers spécialisés mais on doit avoir un ou deux référents par commissariat"

"Aujourd’hui, il continue. Il y a un mois, lors de la sortie d’école, il m’a hurlé dessus et failli me frapper sans qu’aucun parent présent n’intervienne. Il n’y a aucune solution, il a frappé mon fils, j’ai porté plainte et la seule condamnation qu’il a eu c’est un stage de parentalité à effectuer", raconte Émilie.

Actuellement, après plusieurs jugements, elle assure que son compagnon, après une expertise psychologique, a été reconnu comme violent mais continue d’avoir les enfants lors des vacances scolaires notamment. "C’est quelqu’un de violent, j’ai peur de lui et j’aurai toujours peur de lui toute ma vie malgré les séances de psy, il y a une mémoire on n’oublie jamais", assure-t-elle estimant que les forces de l’ordre sont peu formées au cas d’emprises.

Ce que confirme Sébastien, fonctionnaire de police en Seine-et-Marne : "On n’est pas assez formé malheureusement effectivement", raconte-t-il sur RMC. "Il y a des policiers spécialisés mais on doit avoir un ou deux référents par commissariat sur les 100-150 que compte un commissariat. C’est déjà difficile pour les victimes de venir nous voir. Et quand elles viennent nous voir, malheureusement ce référent avec toute la bonne volonté, il peut être absent. On est aussi confronté à des séparations difficiles où l’un des deux peut mentir", ajoute le policier.

En 2020, 90 féminicides ont été officiellement recensés en France, contre 146 l'année précédente.

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Guillaume Dussourt