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Estelle Midi

Faut-il délocaliser les ministères hors de Paris?

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Conséquence de la centralisation, Paris concentre tous les ministères de l'Etat. Faut-il couper avec la tradition et en délocaliser certains en province? Ce n'est pas si simple et cette concentration présente quelques avantages.

Et si le ministère des Outre-mer se situait non plus à Paris mais en Martinique ou en Guadeloupe ? Celui de la Mer à Brest et celui de l’Agriculture dans la Beauce ? L’idée de délocaliser certains ministères n’est pas nouvelle. Elle date des années 60. Plus récemment, c’est Edouard Philippe, alors Premier ministre, qui avait évoqué l’idée en 2018, demandant au gouvernement des propositions ambitieuses pour "donner un nouvel élan à la déconcentration".

Au printemps 2019, à l’occasion du "Grand débat" consécutif à la crise des "gilets jaunes", la délocalisation de services avait été actée. Sous deux ans, au moins une dizaine de services nationaux doivent être délocalisés. Le ministère de l’Economie a déjà commencé sa mue en délocalisant 2.000 fonctionnaires, à Mende, Lisieux ou encore Châteaudun.

La délocalisation est en tout cas souhaitée par les Français: 88% des personnes interrogées trouvent que Paris concentre trop de pouvoir et un Français sur deux est favorable au redéploiement de certains ministères ailleurs qu’à Paris. Actuellement, les 16 que compte le gouvernement sont tous sur le territoire de la capitale.

"Il faut décentraliser les esprits. Ce qui est important, c’est qu’il y ait un autre regard que celui de centralisation dans toutes les élites", plaide ce lundi dans "Estelle Midi", sur RMC, Michel Fournier, président de l'association des maires ruraux de France et maire des Voivres (320 habitants), dans les Vosges.

"Quand on va à Paris, on peut faire un ministère le matin et un autre l’après-midi"

"Physiquement, que certaines parties de ministères puissent exister en province, on n’y est pas opposé naturellement mais on aurait peut-être d’autres centralités, à Lyon, Lille, Strasbourg, Marseille", tempère-t-il estimant qu'une décentralisation serait compliquée:

"Ce serait possible grâce aux nouvelles technologies mais une certaine centralité est nécessaire au plus haut point. Je suis dans les Vosges mais j’ai des responsabilités nationales. Si je dois rencontrer un ministre, je prends déjà une journée pour aller à Paris. Si un ministère est à Nantes, le système de transports pour y accéder est plus compliqué".
"Pour aller en Dordogne rencontrer une association de maires, il m’a récemment fallu toute une journée. Quand on va à Paris, on peut faire un ministère le matin et un autre l’après-midi", poursuit Michel Fournier.

Pour Périco Légasse, "le bilan carbone du conseil des ministres va exploser". Thierry Moreau juge lui que les ministères doivent rester à Paris: "Le pouvoir s’y décide. Les régions doivent avoir du pouvoir certes mais les Français restent attachés aux Ors de la République et aux palais nationaux", juge Thierry Moreau.

"La vraie économie serait de réduire le nombre de ministres. Il y a 41 ministres et secrétaires d’Etat. En Allemagne et aux Etats-Unis, ils sont 15 et ça ne marche pas moins bien", ajoute-t-il.

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