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Estelle Midi

"Un meeting, c'est comme une rave-party": faut-il imposer le pass sanitaire dans les réunions politiques?

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Alors qu'ils vont se multiplier jusqu'au premier tour de la présidentielle, les meetings politiques sont pour l'instant toujours exempts de pass sanitaire. Pourtant, le risque est réel, prévient sur RMC le professeur de santé publique Philippe Amouyel.

Le retour des tours de vis ? Le Premier ministre a annoncé lundi la fermeture des boîtes de nuit dès vendredi et pour quatre semaines, ainsi que le renforcement du protocole sanitaire à l'école, alors que le nombre de nouveaux cas quotidiens explose depuis quelques semaines. Mais des rassemblements, qui risquent de se multiplier à quelques mois de la présidentielle, restent exempts de toute restriction, notamment de présentation d'un pass sanitaire: les meetings politiques. 

Illustration ce dimanche au premier rassemblement d'Eric Zemmour à Villepinte où, entre plusieurs agressions de journalistes ou de militants, le port du masque était plutôt aléatoire parmi les participants. Même chose au meeting de Jean-Luc Mélenchon le même jour, où aucun pass sanitaire n'était non plus exigé à l'entrée. 

Car il appartient aux candidats eux-mêmes de décider si oui ou non le précieux sésame est nécessaire pour rentrer. Ainsi, il sera exigé le 11 décembre prochain à Perpignan à l'occasion d'un meeting d'Anne Hidalgo, la candidate socialiste.

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"Les gens sont les uns sur les autres, chantent, crient, hurlent"

Pourtant, il y a urgence à légiférer dessus appellent les infectiologues: "Un meeting politique, c'est un lieu de contamination. C'est comme une grosse rave party, les gens sont les uns sur les autres, chantent, crient, hurlent et il n'y a pas de pass sanitaire. C'est de la responsabilité de ceux qui les organisent de s'adapter en peut-être réduisant l'audience et faisant une partie en visio", explique ce mardi sur le plateau d'"Estelle Midi", le docteur Philippe Amouyel, professeur de santé publique au centre hospitalier de Lille.

Car il est impossible de légiférer dessus. En mai dernier, le Conseil constitutionnel en personne avait banni le pass sanitaire des meetings politiques, y voyant un obstacle à la démocratie et au libre accès.

Dans les rangs de l’exécutif, on déplore cette impossibilité. "Normalement, dans les meetings politiques, il y a l’obligation du port du masque", assurait ce mardi matin sur RMC Aurore Bergé, présidente déléguée du groupe La République en Marche à l’Assemblée nationale, moquant au passage Eric Zemmour: "Si je regarde les images, je constate que le port du masque au meeting d'Eric Zemmour n'était pas respecté. Ceux qui appellent à faire respecter la loi ne le font même pas".

"On n’a pas pu imposer pour le moment le pass sanitaire mais si on veut être un responsable politique, on doit être responsable d’un point de vue sanitaire. Avec la surtension hospitalière, on ne peut pas prendre le risque de créer des clusters avec des personnes qui viendraient dans nos rassemblements, soit pas vaccinés, soit sans masque ou sans test", conclut la députée.

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Guillaume Dussourt