Alain Finkielkraut: "La haine dont fait l'objet Macron est complètement délirante"
Le philosophe Alain Finkielkraut est revenu ce mercredi dans Les Grandes Gueules sur le mouvement des gilets jaunes qui marqué le pays ce dernier mois. Au micro de RMC, il explique avoir dans un premier temps de la "sympathie" pour toutes ces personnes qui sortaient de leur réserve pour exprimer leur colère.
Il considère que "les recalés de la nouvelle économie, de la France d'en bas" demandait juste de la considération de la part de la grande métropole qui vivait dans un "déni" et un "mépris" vis-à-vis d'eux.
"Cette France a revêtu des “gilets jaunes” pour qu’on la voie. (...) Avant on construisait des places publiques, maintenant la France à la manie des ronds-points. Les gens se sont réappropriés les ronds-points, ils sont devenus des places, et je trouve ça bouleversant, émouvant."
"Une partie du peuple n’a pas été entendue, en revanche on a entendu la foule émeutière et a été récompensée, c'est grave"
S'il admet que cet épisode "fera date" dans notre histoire, il s'est montré beaucoup moins séduit par les dérives de ce mouvement. Alain Finkielkraut se dit maintenant partagé entre l’enthousiasme pour cette France qui se manifeste, qui réclame ce qu’elle mérite, et l’effroi des dérives, en prenant pour exemple les explications hasardeuses du gilet jaune Maxime Nicolle aux relents conspirationnistes après l'attentat de Strasbourg.
"Aujourd’hui en France il y a trop de haine. (...) La haine chez certains gilets jaunes qui vise notamment le président de la République, Emmanuel Macron, qui a voulu occuper tout l’espace et qui a commis des erreurs graves. Il n’empêche que la haine dont il fait l’objet est complètement délirante. La haine se justifie face à l’occupant ou au tyran. En démocratie la haine ne devrait pas avoir sa place."
Le philosophe estime ainsi que le gouvernement "a fait sa plus grave erreur" en cédant aux violences et en ne supprimant la taxe carburants qu'après le premier week-end de casse.
"Quand on dit qu’ils s’en foutent plein les poches on oublie la complexité à laquelle ils sont confrontés"
"Le gouvernement pensait pouvoir faire durer le bras de fer et le gagner. Et ils ont cédé à la violence sur les Champs-Elysées. Une partie du peuple n’a pas été entendue, en revanche on a entendu la foule émeutière. C’est cette foule qui a été récompensée et c’est grave."
En revanche Alain Finkielkraut, qui s'est montré ce mercredi matin très "macronien" et adepte du "et même temps", a tenu à défendre les personnalités politiques et refuse une certaine démagogie voulant qu'elles soient toutes surpayées pour ne rien faire.
"Quand on dit qu’ils s’en foutent plein les poches on oublie la complexité à laquelle ils sont confrontés. Ce n’est jamais simple de prendre des décisions car ils ne choisissent pas entre le bien et le mal comme la simplification voudrait nous le faire croire, mais entre des biens différents, et avec des contraintes que des gens n'imaginent pas. Dans cette impatience (du peuple), il y a aussi un oubli, voire un mépris de la politique comme telle."