Décès d’une femme aux urgences: "C'était la chronique d'une mort annoncée", selon un urgentiste
Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris après le décès inexpliqué d'une femme retrouvée morte mardi matin presque 12 heures après son admission aux urgences de l'hôpital Lariboisière, dans le Xe arrondissement. L'enquête "en recherche des causes de la mort" a été confiée au service de police judiciaire du Xe arrondissement, a précisé la même source.
Y a-t-il eu défaillance dans la prise en charge de la patiente, qui était âgée de 55 ans selon une source syndicale? "Elle est décédée, donc forcément", a répondu mercredi soir la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, sur France 3 qui assure en revanche qu'il ne faut "pas forcément mettre ça sur (le compte d')un problème de moyens".
Ce service s'est mobilisé en juillet pour dénoncer la difficulté de la prise
Ce n'est pas l'avis de Christophe Prudhomme, porte-parole de l’association des médecins urgentistes de France, intervenu ce jeudi dans Les Grandes Gueules sur RMC.
"C’était la chronique d’une mort annoncée. Dans ce service les soignants se sont mobilisés en juillet dernier pour expliquer que les conditions de prise en charge des patients les mettaient en danger. Aucune réponse de l’administration, et malheureusement il y a cet événement dramatique."
"Culpabiliser les patients ça suffit"
Le médecin urgentiste regrette qu'il n'y ait plus assez de médecins généralistes en ville. La patiente décédée s'était en effet rendue dans un cabinet où elle n'a pas pu être prise en charge. Elle a ensuite été emmenée par la brigade des sapeurs-pompiers de Paris au service d'accueil des urgences de l'hôpital "vers 18H45".
Elle y a "été accueillie par l'infirmière d'accueil et d'orientation et enregistrée dans le circuit de prise en charge du service". A minuit son nom est appelé mais face à sa non-réponse les médecins pensent qu'elle est partie. Son décès "inexpliqué", "constaté à 6h20" mardi "au sein du service d'accueil des urgences".
"Je ne sais pas faire plus et mieux avec moins"
"Culpabiliser les patients ça suffit. Cette femme s’est dans un premier temps rendue dans un centre de santé et malheureusement il n’y avait pas de médecins généralistes disponibles. Il faut plus de médecins généralistes en ville."
Le porte-parole des médecins urgentistes réclame logiquement plus de moyens pour éviter que ce genre de drames ne se reproduisent à l'avenir.
"On a trop peu de personnel par rapport au flux des patients. On est dans un hôpital où on nous explique qu’il faut faire des économies en permanence. Je ne sais pas faire plus et mieux avec moins."