"Les boîtes ferment mais pas les bars dansants et les clubs libertins": le coup de gueule d'un gérant de discothèque

À la faveur d'un variant Delta très contagieux et d'une efficacité vaccinale s'émoussant avec le temps, le nombre de nouveaux cas quotidiens avoisine les 50.000. Et alors que le variant Omicron vient s'ajouter aux menaces qui guettent la France, le gouvernement a choisi de refermer les discothèques. Après plus d'un an de fermeture, les boîtes de nuit vont à nouveau baisser le rideau dès vendredi et "pour quatre semaines", a annoncé lundi Jean Castex.
Le Premier ministre a également appelé les Français à "lever le pied" sur les interactions sociales à moins de trois semaines de Noël, insistant notamment sur les événements festifs en intérieur "à la maison" et "dans les entreprises". Les secteurs en difficulté seront indemnisés, a promis le Premier ministre. Cette nouvelle batterie de mesures a pour objectif d'éviter des dispositions "disproportionnées", comme les confinements ou jauges.
Les professionnels du secteur font grise mine au lendemain des annonces de ces nouvelles mesures: "On avait été prévenus que c'était chaud pour nous à 14h30 par le ministère des Finances. On a eu la réponse finalement au moment des annonces, comme tout le monde", assure ce mardi sur le plateau des "Grandes Gueules" Thierry Fontaine, le président de l'Union des métiers des industries et de l'hôtellerie (Umih) du Rhône, gérant de discothèque.
"On sert de bouc émissaire"
Il déplore une fermeture qui intervient sur une période cruciale du secteur: "C'est 20% de notre chiffre d'affaires, le mois de décembre. On a un très bon ticket moyen. Ce n'est même pas grâce à la fréquentation, c'est le ticket moyen qui est plus élevé".
"Le moral des chefs d'entreprise est à terre. On sert de bouc émissaire. En boîte, les capteurs de Co2 et les ventilations tournent. Les clusters, il y en a eu cinq seulement, le temps que l'on se cale avec les protocoles et ensuite zéro. Cette décision est politique et n'a rien de sanitaire. On s'est servi de nous pour pousser les jeunes à la vaccination et maintenant on nous vire", assure-t-il.
"On nous a fait souscrire des dettes colossales"
Les discothèques, qui représentent 30.000 emplois directs et un milliard d'euros de chiffre d'affaires annuel selon les syndicats professionnels, sont restées fermées pendant seize mois à cause du Covid-19, et n'avaient rouvert, sous conditions, que le 9 juillet. Les professionnels du secteur seront aidés, a promis le Premier ministre mais cette annonce est insuffisante pour Thierry Fontaine
"Les aides, c'est souvent des annonces à la télé. Quand on voit ce qui arrive à la fin... On nous donne deux francs six sous, il y a encore des gens en train de rembourser leurs aides, on a souscrit des prêts garantis par l'Etat, on est incapable de savoir comment on va les rembourser avant mars. On nous a fait souscrire des dettes colossales", déplore le président de l'Umih du Rhône.
Et il pointe une autre contradiction, s'estimant d'ailleurs essentiel face à l'afflux de jeunes depuis la réouverture en juillet dernier alors que la solitude chez eux a augmenté de 24%: "Les boîtes de nuits ferment mais pas les bars dansant, les clubs libertins et les restaurants. Au nouvel An, ça va être de la folie, c'est n'importe quoi !", conclut Thierry Fontaine, très remonté.
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