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"On est en train de tuer l'école": pourquoi les profs de collège et lycée font aussi grève

Dans les collèges et lycées, la grève est également très suivie ce jeudi. Si l'on déplore la gestion de la crise sanitaire par le ministère de l'Education nationale, une professeure alerte également dans "Les Grandes Gueules" sur la réforme du recrutement, qui pourrait mettre à mal l'enseignement dans les années à venir.

Directeurs d'écoles, enseignants et inspecteurs montent au créneau et font grève ce jeudi. Dans leur viseur, les trois protocoles sanitaires à l'école en moins de dix jours, avec plus de 10.000 classes fermées. Des chiffres de contaminations qui galopent et un manque de moyens pour lutter contre le virus. Mais la grève est aussi suivie dans les collèges et les lycées où l'on recensait dans la matinée 62% des enseignants en grève selon le syndicat Snes-FNU.

"Je fais très rarement grève, ça fait 25 ans que je suis enseignante et ça doit être ma cinquième grève. Je ne voulais pas aujourd'hui parce que j'ai 6h de spécialité mais j'ai laissé mes cours en ligne et je fais grève", assure ce jeudi dans "Les Grandes Gueules", sur RMC et RMC Story, Céline, prof dans un lycée des Bouches-du-Rhône, qui dénonce la surcharge de travail des collégiens et des lycéens, après plusieurs années perturbées par l'épidémie de Covid-19.

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"C'est une catastrophe"

"Les gens ne se rendent pas compte, ne connaissent pas les réformes qui vont être prises, c'est catastrophique, on est en train de tuer l'école. Cela fait trois ans qu'on a une crise sanitaire, les gamins de seconde ont perdu un trimestre pendant la première année. Beaucoup d'établissements fonctionnaient en demi-jauge, on n'a pas allégé les chapitres. En première, on n'a pas donné d'heures supplémentaires aux gamins. En terminale, ils passent pour la première fois le bac au mois de mars", alerte Céline.

"C'est une catastrophe", poursuit l'enseignante. "Les gamins sont surchargés de travail, on est en train de les gaver comme des oies. On est épuisé. Les enfants vont être peu préparés à l'université. S'ils se plantent le jour du bac, ils vont se faire démonter sur Parcoursup, c'est un scandale. Je bosse 50h par semaine, j'ai toujours beaucoup bossé mais je suis épuisée. Je ne prendrai plus de terminale, je ne peux plus tenir le coup".

Un nouveau processus de recrutement qui inquiète les profs

Elle déplore également les réformes à venir sur le recrutement des futurs enseignants: "Il faudrait que les parents se renseignent sur comment on va recruter les enseignants dans les années à venir. Ils n'auront aucune qualification, ils seront sous-payés. Ils feront trois années de fac, ils seront stagiaires auprès de leurs enfants auront un mémoire à rendre mais même quelqu'un de consciencieux ne pourra pas bien faire les choses", alerte-t-elle alors que dès 2022, le projet de réforme des concours pour devenir prof doit entrer en fonctionnement.

L'objectif du gouvernement: attirer davantage d’étudiants vers le métier d’enseignant et améliorer la formation. "Tout ça c'est pour les sous-payer, on aura des gamins malformés et on va devenir le pays pauvre de l'Europe", déplore Céline.

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Guillaume Dussourt