Prix des carburants: les gros coups de gueule d’un maréchal-ferrant et d’un chauffeur de taxi

Colère sur RMC. Dans "Les Grandes Gueules" ce mardi, le débat sur les prix des carburants, qui flirtent ou atteignent les deux euros le litre, a conduit deux auditeurs à appeler le 3216 et à pousser des gros coups de gueule. "Comment je fais ? J’ai 20 de tension ! C’est un truc de dingue, a d’abord lâché Pierre, maréchal-ferrant à Marseille, qui s’est lancé aussi dans la location de bateaux. Je suis artisan, j’ai deux sociétés, je travaille sept jours sur sept. J’ai la même clientèle depuis des années, rien ne change. Par contre, tous les ans, j’ai de moins en moins de pognon. Je suis obligé de calculer maintenant."
Et ce qui l’irrite encore plus, c’est d’entendre que des Français vont se résoudre à limiter leurs déplacements en voiture, face à l’impact sur leur porte-monnaie. "Il faut arrêter de réduire les déplacements, souffle Pierre. Ça fait deux ans qu’on nous prive de tout et maintenant, on va se priver d’aller faire un tour dans les gorges du Verdon ou dans les calanques de Cassis pour manger une glace avec nos enfants ? Il faut arrêter ! Pourquoi on doit payer bientôt le gazole à 1,80 € ? Ça fait vieux con mais à l’époque des francs, je faisais payer un ferrage 380 francs et le litre de gazole, je le payais 4 francs ou 4,50 francs. Maintenant, il est à dix balles ! Et je ne suis pas à 800 balles le ferrage. Tout a augmenté, le fer, le métal… Et qu’est-ce que j’entends à la radio ? Qu’on va réduire nos déplacements ? Oh mais les gars, réveillez-vous !"
Les tarifs des péages, également en hausse de 2% en moyenne en France, sont une autre contrainte pour ce maréchal-ferrant. "Le péage à La Ciotat ce matin, ce n’est plus 2,30 €, mais 2,40 €, remarque Pierre. Jusqu’à quand on va accepter ces conneries ? Jusqu’à quand on va accepter de se faire lapider ? On se fait voler tous les jours ! On dépense des milliards pour des tests à la con, pour savoir si tu es positif ou pas alors que tu es asymptomatique. Et on vient m’emmerder à augmenter le péage, le gazole… Il faut arrêter, on va péter les plombs ! Mais on baisse la tête, on va aller moins se promener… Moi, je n’ai pas d’autre alternative. J’ai 600 kg de matos dans le camion. Il n’y a plus de camion essence, donc je ne peux pas mettre de bioéthanol. J’ai une dent à refaire, je ne peux pas, je n’ai pas le pognon."
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"Jusqu’à quand on va tenir comme ça ?"
Chauffeur de taxi dans la Loire, Florian est également à bout. "La pompe, j’ai envie de la prendre, de me mettre la corde autour du cou… C’est une catastrophe, estime-t-il dans ‘Les Grandes Gueules’. J’ai commencé le métier il y a 15 ans, le gazole était à 1,05-1,10 €, les péages étaient à 0,80 €. Maintenant, le gazole est à 1,70 € et le péage à 1,20 €. C’est un taxi médicalisé, je fais 95% de sanitaire. Quand j’ai commencé le taxi, on n’avait pas de remise sécurité sociale. Aujourd’hui, pour chaque course, on est à 10%. J’avais une TVA à 5,5%, aujourd’hui à 10%. Faites le calcul, rendez-vous compte : on est étouffé, étranglé."
"Tout a pris une calotte monstrueuse, sauf mes indemnités, poursuit Florian. Pour faire le même chiffre qu’avant, je suis obligé de bosser deux ou trois heures par jour, donc ça me fait faire des journées de 12 heures. Jusqu’à quand on va tenir comme ça ? Il y a une colère qui monte. On est tous désespérés. Quand j’entends notre cher Macron nous traiter de fainéants, moi je fais 12 heures par jour ! Je travaille les samedis, les dimanches. Et je gagne moins ! Aller au resto, c’est une fois de temps en temps. On ne part plus en vacances comme avant. On en a ras-le-bol. Moi, je suis le bon con. Le mec qui donne des heures et qu’on rabote dans tous les sens."
Pour Florian, c’est le sentiment d’un déclassement. "On aimerait vivre dignement de notre travail, être payé sur ce qu’on fait, comme il y a 10-15 ans, explique-t-il. On n’est pas des crésus, on ne vole pas l’Etat. On amène des gens à l’hôpital pour se faire soigner. Avant, on pouvait vivre de notre travail."