Dissolution, Premiers ministres... Combien l’instabilité politique coûte-t-elle à l’économie?

L'instabilité politique n'est pas gratuite. Pour s'en rendre compte, il faut comptabiliser la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024, le gouvernement de Michel Barnier qui a duré 3 mois et demi puis le gouvernement de François Bayrou qui lui aura tenu presque 9 mois. En attendant par ailleurs la composition de la nouvelle équipe gouvernementale du Premier ministre fraîchement nommé, Sébastien Lecornu. Cette instabilité politique a donc coûté en 15 mois 150 millions d'euros au budget de la France, en raison du coût des législatives et les valses de ministres.
Elle a aussi déjà coûté une douzaine de milliards d’euros à l’économie française, selon les calculs de l’OFCE. D'autant que l’addition va continuer à grimper. C’est avant tout le prix de l’incertitude. Les ménages comme les entreprises ne peuvent jamais anticiper à quelle sauce ils vont être mangés, des hausses d’impôts comme les aiment la gauche, des réductions de dépenses sociales comme les affectionnent la droite. Résultat : tout le monde appuie sur pause pause.
Comment se traduit cette incertitude ?
Du côté des ménages, cela se traduit par une préférence massive pour l’épargne au détriment de la consommation. Jamais les bas de laines n’ont été aussi gonflés depuis 1979. Les travaux pour changer de cuisine ou de salle de bain, les achats de meubles et de canapés sont en baisse de 3% à 8% sur les premiers mois de 2025.
Les entreprises de leur côté, ont nettement revu en baisse leurs projets : Parmi les entreprises de taille intermédiaire interrogées par la banque Palatine, il y a quelques semaines, 1 sur 5 a suspendu tout ou partie de ses investissements. 1 sur 3 a réduit ses intentions de recrutement. C’est encore plus marquant pour les PME et TPE : 61 % de leurs dirigeants estiment que l’incertitude politique a un impact négatif "fort" sur l’activité de leur entreprise.
Depuis la dissolution, les taux d'emprunts français ont augmenté progressivement (3,1% le 9 juin 2024 contre presque 3,5% actuellement). Ils sont depuis hier supérieurs à ceux de l’Italie. En bout de course, ce sont des crédits que les entreprises et les ménages payent plus cher: à la clé, encore 0,1 point de croissance perdu (15 milliards au total) et quelques milliards de plus pour le cout de la dette.