Electricité: le boulanger Frédéric Roy craint "une hécatombe" et veut "rejoindre les agriculteurs"

Une nouvelle bombe sociale à venir? La hausse des prix de l’électricité prévue pour le 1er février a été confirmée ce dimanche: le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a expliqué que la facture d'électricité augmenterait entre 8.6% et 9.8%, conformément à l'engagement du gouvernement de sortir du coûteux "bouclier tarifaire".
L'exécutif organise depuis plusieurs mois la fin progressive de ce subventionnement, annoncé à l'automne 2021 par le Premier ministre Jean Castex, avant même que la guerre en Ukraine ne cause une flambée historique des prix du gaz et de l'électricité.
"Pour 97% des ménages français, l'augmentation sera sous les 10%", a déclaré Bruno Le Maire sur le plateau du Journal de 20 heures de TF1.
"Le coût de production de l'énergie n'a jamais augmenté"
Cela concerne près de 20 millions de ménages abonnés à l'électricité, dont 10,6 millions au tarif de base, c'est-à-dire le tarif "bleu" d'EDF, fixe sans heures creuses. Le ministère de l'Economie a donné quelques simulations de hausse de facture: une boulangerie bénéficiant du tarif réglementé en heures pleines/heures creuses, avec 90 MWh de consommation annuelle, paiera théoriquement 116 euros de plus par mois.
Pas de quoi rassurer de nombreux boulangers dont l'activité est gourmande en énergie. Frédéric Roy, artisan-boulanger à Nice, a laissé éclater sa colère ce lundi matin sur RMC. Il se demande sur quels postes il va devoir faire de nouvelles économies, ayant pourtant prévu de donner 100 euros à ses salariés, de changer du matériel vieillissant...
"On nous prend pour des cons, en restant poli, depuis le départ. On nous avait promis que le problème serait réglé dans l'année (2023) et là on nous dit 2026. D'ici là, ce sera une hécatombe chez les artisans-boulangers", estime-t-il, regrettant que les cours virtuels de l'énergie aient une incidence si forte dans les faits.
"Le coût de production de l'énergie n'a jamais augmenté! Ce sont des augmentations virtuelles sur des marchés virtuels de l'énergie", juge-t-il.
"S'il faut qu'on aille dans la rue pour se faire entendre..."
Pour appuyer ce constat défaitiste, Frédéric Roy prend exemple sur les pressings artisanaux qui ferment "les uns après les autres", ou sont repris par des grandes chaînes.
"C'est un peu comme en boulangerie", juge-t-il. "Car on nous dit que des boulangeries ouvrent, mais, ce qu'on nous dit moins, c'est que ce sont des grandes chaînes nationales..."
Il estime en avoir "ras-le-bol" et pense qu'une mobilisation de son corps de métier pourrait être la suite logique de cette histoire.
"Je n'ai qu'une envie, c'est de rejoindre les agriculteurs. S'il faut qu'on aille dans la rue pour se faire entendre... On a l'impression d'être toujours punis", explique-t-il, illustrant que depuis le début de la crise, sa facture a été multipliée par trois, de 1.000 à 3.000 euros, avec les aides déduites.