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"J'ai perdu 60% de mon chiffre d'affaire": après les JO, un bilan économique contrasté

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Les Jeux olympiques sont une réussite économique pour la France selon la ministre déléguée du Tourisme. Mais des acteurs du secteur dénoncent des baisses reccord de leur chiffre d'affaires.

Alors que les politiques se félicitent de la réussite des Jeux olympiques de Paris 2024, le temps est au bilan économique pour les entreprises françaises.

Selon un premier bilan de l’Office du tourisme de Paris publié ce lundi 12 août, 11,2 millions de visiteurs ont pris part, avec ou sans billet, aux activités liées aux JO en région parisienne entre le 23 juillet et le 11 août. Et l'activité devrait se poursuivre, avec encore 4 millions de visiteurs prévus pour les Jeux paralympiques.

"Au terme de ces deux semaines, nous avons ainsi une augmentation de 16% des nuitées sur l’ensemble des villes hôtes, dont 20% en Île-de-France. La fréquentation des musées et des restaurants ainsi que la consommation dans les bars ont été de plus de 25% en moyenne à Paris et ont triplé à Saint-Étienne et doublé à Lille", a détaillé la ministre déléguée du Tourisme Olivia Grégoire.

Un bilan positif... vraiment? Tout le monde, est-il sorti gagnant économiquement de ces Jeux olympiques? La discussion était en direct sur le plateau des Grandes Gueules de RMC.

Zéro pointé

Ayoub, chauffeur VTC à Paris, est le premier auditeur à témoigner: "Nous sommes perdants fois 10", se désole-t-il. "J'ai perdu 60 % de mon chiffre d'affaires". Habituellement, le chauffeur prend des vacances en août, mais y a renoncé à cause des JO. "Je pensais que ça serait la fête, mais pas du tout, avec du recul, j'aurais dû partir", continue-t-il. Ses pertes se chiffrent à plusieurs milliers d'euros, qu'il ne pourra pas récupérer.

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Même chose pour Paul, assistant-réalisateur dans la capitale. "C'était zéro pointé pour le monde du spectacle à Paris", raconte-t-il. Les spectacles ont été mis en pause durant toute la période et reportés à la rentrée, tandis que les lieux de tournage iconique de Paris ont été réquisitionnés pour les épreuves. "C'est notre plus grosse période de l'année normalement, mais là, c'est irrattrapable", ajoute-t-il.

Restaurants vides

Joëlle Dago-Serry a aussi constaté une baisse d'activité dans son quartier. "C'était vraiment vide (...) Les terrasses, habituellement bondées à cette période de l'année, me faisaient presque pitié", raconte-t-elle. Avec toutes les zones fermées par des barrières ou des barrages de police, la coach de vie a du mal à croire que les restaurateurs sont gagnants :

"Ca a peut-être créé des emplois dans les entreprises qui ont directement participé aux JO, mais c'est sûr que tout le monde n'est pas gagnant", redit-elle.

"Moi aussi, je me suis baladé, et il n'y avait personne", confirme Bruno Poncet. "Les gens, ils ont mis l'argent dans les places, dans les transports, dans un hôtel pas cher (...) et ils ne vont pas au restaurant", ajoute-t-il. "Je ne pense pas que l'hôtellerie-restauration a récupéré son argent".

Indemnisation?

Antoine Diers recontextualise le débat. "Il faut garder en tête qu'un commerçant, par essence, a toujours envie de dire qu'il n'a pas assez de monde", précise-t-il. Le consultant est quant à lui certain que l'hôtellerie-restauration, au global, "a fait des bons chiffres", même si dans le secteur "tu ne peux pas gagner à tous les coups, des fois, tu gagnes des fois, tu perds (...) c'est variable d'un restaurant à un autre".

Le chroniqueur se souvient qu'un chèque d'indemnisation avait été évoqué quelques semaines auparavant pour les restaurateurs qui avaient subi des mesures de sécurité drastiques. Une mesure qui n'a pas été ré-abordée depuis. "Si ça se termine avec des demandes de chèques d'indemnisation, on aura bien retrouvé la France d'avant les JO", plaisante-t-il.

Laure-Anne Marxuach