"La guerre est perdue d’avance": pourquoi Leclerc cristallise les critiques des agriculteurs

Le Salon de l'Agriculture a fermé ses portes ce dimanche à Paris. Cette année, la fréquentation a été en légère baisse par rapport à l'année dernière avec 603.652 visiteurs (-2%), notamment en raison d'une première journée chahutée en marge de la visite d'Emmanuel Macron. Et la colère des agriculteurs ne retombe d’ailleurs. Avec, parmi les principaux points de tension, le travail avec la grande distribution. Et un nom qui cristallise les critiques de la part des agriculteurs: Leclerc. Pour de nombreux agriculteurs, il suffit d'entendre ce nom pour grincer des dents.
“Ils ont tellement la puissance de leur marque Leclerc qu’ils font ce qu’ils veulent, en fait. Nous, on est en bas, on est des petits”, déplore l’un d’eux. “On se sent totalement impuissant. Donc la guerre est perdue d’avance”, confie un autre.
Un seul but, baisser les marges?
Hervé Duprat, lui, a travaillé avec Leclerc, mais il en garde de mauvais souvenirs. “Quand j’ai travaillé pour eux, j’ai travaillé pour rien”, assure-t-il. Un sentiment de gâchis malgré plusieurs années de collaboration pour cet éleveur bovin du Gers. Leclerc mettait une pression constante pour faire baisser ses marges. Il a fini par abandonner.
“On nous a demandé de baisser nos tarifs d’à peu près 20%. Ce n’était pas possible. Ils se fichent complètement de ce qu’il peut se passer sur les fermes. Eux, ce qui les intéresse, c’est d’avoir le prix le plus bas à l’entrée du magasin”, indique Hervé Duprat.
Pourtant, certains agriculteurs arrivent à vendre de la viande à Leclerc dans de bonnes conditions. C'est le cas de Laurent Saint-Aubin, éleveur dans les Landes.
“Nous, c’est une production de niche qu’on a essayé de mettre en place et on a eu un retour positif. C’est donnant-donnant. Il a une image locale de qualité et en contrepartie nous, on a une rémunération meilleure sur nos bêtes”, assure-t-il.
Mais ce n'est pas une généralité. Chaque magasin Leclerc peut décider de jouer le jeu du local, ou non.