La maison individuelle au pied du mur: "la rupture d'un rêve" (les Grandes Gueules)

C'est un rêve qui s'éloigne pour beaucoup de familles. La maison individuelle, le fameux modèle pavillonnaire, devient de plus en plus inaccessible pour les ménages.
En 1 an, les permis délivrés pour la construction de maisons ont dégringolé de 24,5%; ils sont désormais au plus bas niveau depuis plus de 20 ans. Si bien que 74% des Français pensent aujourd'hui qu'une maison est devenue un privilège "destiné à une élite", selon la Fédération des constructeurs de maisons individuelles.
En cause, l'envolée des coûts de construction et des taux d'intérêt couplée à l'objectif écologique de lutte contre la bétonisation des terres agricoles, qui limite à 125.000 les hectares à consommer entre 2021 et 2031. Faute de commandes, plus d'un millier de constructeurs ont mis la clé sous la porte, plongeant dans le désarroi des milliers de familles.
Devenir propriétaire d’une maison, le rêve impossible? Les Grandes Gueules ont tenté de répondre sur le plateau de RMC.
Rupture d'un rêve
"Je me souviens quand j'étais petite et que je passais à côté des affiches (...) c'était mon rêve, je me disais qu'un jour, j'aurais ma maison", raconte Joëlle Dago-Serry, coach de vie, sur le plateau des GG.
Bruno Poncet, cheminot, considère qu'il y a une "rupture du rêve" aujourd'hui en France. "Le rêve, c'était de travailler, d'atteindre un certain âge et d'acheter sa maison, pour la payer pendant 15 - 20 ans et après de finir tes jours sans avoir de crédit sur le dos, avoir une retraite et vivre ta vie", ajoute-t-il.
Mais aujourd'hui, c'est impossible selon Mehdi Ghezzar, chef d'entreprise. "Avec l'augmentation, des taux et de la fiscalité actuelle, des matériaux de construction, de la déco, de l'électro-ménager... Quand deux personnes touchaient 1.500 euros elles pouvaient avoir un petit truc, maintenant ce n'est plus possible".
Adrian, auditeur des Pyrénées-Orientales, confirme: "Ça fait 3 ans qu'on cherche avec ma compagne (...) mais il nous est impossible d'acheter un logement décent, c'est trop cher", confie-t-il.
Sortir de la ville
Toutefois, selon Grégory Monod, président du pôle habitat de la Fédération française du bâtiment, cela dépend surtout de la zone.
"Aujourd'hui, la maison en ville est un produit qui est très cher, surtout dans l'existant, parce qu'elle est très recherchée (...) ce qui n'est pas du tout le cas, forcément, de la maison individuelle en secteur plus diffus et en zone périurbaine et rurale, où là, le produit reste le logement le plus abordable", a-t-il expliqué au micro de RTL.
Le rêve s'est ainsi concrétisé pour Christopher: "Nous venons d'acheter notre maison de rêve à 160.000 euros", se réjouit-il au téléphone des Grandes Gueules. "Nous sommes dans la campagne entre Chartres et Dreux", révèle-t-il. Le jeune homme accède ainsi à la propriété à 25 ans, avec quelques concessions ("je fais pas mal de route"), mais à un prix intéressant. "Il faut sortir des villes", conseille-t-il.
Frédéric, lui, a opté pour une autre stratégie: l'étranger. Le bientôt retraité a investi dans une maison de village en Italie, bien plus intéressante financièrement qu'un logement dans sa région. "Dans le Var, ce sont 250.000 pour un appartement de 40 m²", explique-t-il.
Selon la Fédération des constructeurs de maisons individuelles (FFC), 8 Français sur 10 préfèrent vivre dans une maison plutôt qu'en appartement.