Malgré les récents scandales, de moins en moins de morts liés à des intoxications alimentaires
Peut-on avoir encore confiance dans l'industrie agro-alimentaire? Après les multiples cas d'intoxications et de rappels en tous genre qui se sont produits ces dernières semaines, la question peut se poser. Mais si on regarde dans le rétroviseur, la réponse est oui: en moyenne aujourd’hui en France, il y a 150 à 200 décès par an liés à des intoxications alimentaires et entre 10.000 à 15.000 hospitalisations. Dans les années 1960, c’était autour de 4.000 morts, dans les années 1950, on était autour de 15.000 morts par an et au début du siècle dernier, de 20.000 à 50.000 morts.
Le nombre de cas de listériose, considérée comme la maladie des pays développés (les microbes se développent mieux dans la chaine du froid), a été divisé par trois au cours des quinze dernières années. Le nombre de germes par litre de lait a chuté, l’eau du robinet n’a jamais été aussi buvable, les taux de germes dans les camemberts étaient 30 fois plus élevés il y a 20 ans et les industriels de la conserve sont capables de garantir moins d’une spore pour 10000 tonnes de nourriture, loin des taux qui provoquent le botulisme.
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Des contrôles suffisants?
Malgré tout, vec les affaires Buitoni ou Kinder, la question des contrôles se pose tout de même. Bon an mal an, cinq à sept millions de saisies conduisent au retrait du marché de 80.000 à 10.0000 tonnes de produits jugés nocifs, chaque année. Depuis un an, 4.377 références alimentaires non-conformes ont été répertoriées. Les raisons sont multiples: mauvais étiquetage, suspicion de morceaux de verre, présence de bactérie,...
Ces dernières années, les contrôles se sont intensifiés. Depuis la crise à la salmonelle dans les laits infantiles Lactalis, le principe de précaution est appliqué de façon beaucoup plus forte. Les entreprises retirent souvent "volontairement" des produits du marché, pour préserver leur réputation. Pour les cas de salmonellose, son augmentation s’explique davantage par les progrès des dispositifs de detection que par une aggravation des risques.
La gestion des entreprises en cause
Pourtant, en 2022, trop d’industriels privilégient encore la stratégie de l’autruche sur la question de la sécurité alimentaire. Nestlé avec Buitoni a été l'exemple parfait à ne pas suivre en gestion de crise comme Lactalis l'avait été, par le passé, avec le lait infantile contaminé. L'ONG Foodwatch dénonce le manque de transparence et de réactivité des entreprises. Elle estime que les réactions sont trop tardives. L’alerte pour Kinder par exemple a été donnée deux jours après le Royaume-Uni alors que plusieurs salmonelloses britanniques étaient déjà signalés.