Pénurie de main d’œuvre en restauration: l’appel d’Alain Fontaine pour régulariser des sans papiers
Encore 200.000 postes à pourvoir dans la restauration. Face à ces difficultés de recrutement, des chefs doivent se résoudre partout en France à fermer un ou deux jours dans la semaine, en pleine saison estivale. "On a un afflux de touristes considérable en France, souligne Alain Fontaine, propriétaire du Mesturet à Paris et président de l’Association Française des Maîtres Restaurateurs, dans ‘Apolline Matin’ ce jeudi sur RMC et RMC Story. C’est une belle année, avec des taux d’occupation dans les hôtels très importants, supérieurs à 2019. Les Français sont restés très attachés, après le Covid, à passer leurs vacances en France. Malheureusement, et c’est vraiment incroyable, on va devoir fermer certains jours les restaurants pour compenser le manque de personnel."
Selon Alain Fontaine, les horaires de travail dans le secteur de la restauration sont une cause majeure dans le désintérêt pour ces métiers. "On est dans une société de loisirs, qui tend à aller vers le bien-être, explique-t-il. Nos employés veulent aussi en profiter. Mais quand les gens s’amusent, ça veut dire que nous, souvent, on travaille. Les jeunes sont moins attirés, ils ont des petits camarades qui ont leurs week-ends, qui profitent de leurs soirées. Le Covid n’a fait que mettre cela en évidence. On avait aussi un environnement contractuel qui n’était pas adapté. Il fallait revoir les salaires à la hausse, mais je crois qu’on a trop appuyé là-dessus. Les horaires, les coupures, c’est dur. Vous avez une vie hachée dans la journée."
"Ils ont un CAP, on les a formés"
Pour combler une partie de ce manque de main d’œuvre, le président de l’Association Française des Maîtres Restaurateurs plaide pour la régularisation de nombreux jeunes sans-papiers qui sont formés et disponibles.
"Il y a des gens qui sont là depuis un an, depuis deux ans, qui ont d’ailleurs fait leur formation en France, mais qui n’étaient pas majeurs, qui se retrouvent avec leur diplôme en poche, CAP ou bac pro, et qui ne peuvent pas travailler, explique Alain Fontaine. En gardant les mesures de sécurité nécessaires, il faut que ces gens qui sont en souffrance administrative ne restent pas à la porte de nos restaurants et puissent travailler. Ils ont un CAP, on les a formés. Nos écoles hôtelières sont parmi les meilleures du monde, si ce n’est les meilleures. Je fais appel aux préfectures pour qu’elles regardent de très près ces dossiers. Ce sont plusieurs dizaines de milliers de jeunes qui sont aux portes de nos restaurants et qui ne peuvent pas rentrer."