TotalEnergies: l’entreprise annonce des bénéfices historiques qui font grincer des dents

Après une année 2022 historique, TotalEnergies a réalisé un bénéfice net record de 21,4 milliards de dollars, soit 19,8 milliards d’euros pour un chiffre d’affaires de 237 milliards de dollars. Une amélioration de 4% par rapport à l’année précédente.
A l’origine de ces revenus se trouve la “croissance des hydrocarbures, en particulier du gaz naturel liquéfié (GNL), et de l’électricité”, a déclaré le 7 février le PDG du groupe, Patrick Pouyanné, à l’AFP.
Alors que ses milliards de profits donnent lieu chaque trimestre à des débats alimentés par les politiques et les ONG, TotalEnergies avait publié dès le 6 février la liste de ses “contributions et engagements” pour la France. Il a notamment annoncé qu’il débourserait “320 millions d’euros d’impôt sur les bénéfices et taxe de solidarité sur l’électricité au titre de 2023”.
Bientôt un geste pour contrer l’augmentation du prix de la pompe ?
Au même moment, le prix de la pompe augmente. La barre symbolique des 1,80 euro le litre a été franchie début février pour tous les carburants, le sans plomb 98 dépassant même 1,90 euro. Face à ces superprofits, l’entreprise devrait-elle faire un geste ? Si certains s’indignent face à de tels résultats, d’autres, comme Nicolas, sont plutôt cléments envers TotalEnergies, et préfèrent pointer l’Etat du doigt.
"Je paie 80 euros un plein, j’en donne 32 à Total, et il y a 48 euros qui vont dans la poche de l’Etat. Tout ça pour voir des éoliennes qui sont à l’arrêt”, explique le chauffeur routier originaire de la Nièvre, qui cite également les bornes de recharge électriques obsolètes.
A ce sujet, François Gemenne, professeur à HEC, membre du GIEC, il est important de rappeler que les investissements dans les bornes de recharges électriques et les éoliennes sont privés. “Pour le moment, on est en retard et il faut passer à la vitesse supérieure, que cet argent soit réinvesti pour faire la transition du parc automobile, qui reste encore largement thermique, vers un parc électrique”, explique-t-il sur RMC ce jeudi 8 février.
Quid de l’écologie ?
Ces bénéfices ouvrent également la discussion autour de l’écologie. Le groupe a pris il y a quelques années le virage de la diversification dans l’électricité renouvelable, mais il reste toujours sous le feu des critiques pour la poursuite de ses investissements dans les énergies fossiles, néfastes pour le climat. L’entreprise s’était donc engagée à investir un tiers dans les énergies renouvelables. Une force, d’après François Gemenne.
“Si Total fait d’aussi gros bénéfices, c’est qu’il résiste mieux que ses concurrents et qu’il a diversifié ses énergies. Le problème c’est que maintenant il faut accélérer et sortir des investissements dans le pétrole et le gaz”, indique le membre du GIEC.
En septembre, TotalEnergies avait encore alimenté les critiques en annonçant son intention d’augmenter sa production d’hydrocarbures de 2 à 3% par an dans les cinq prochaines années.
Alors que plusieurs pétroliers comme Enel, Shell et BP ont annoncé en 2023 une révision en baisse de certains de leurs objectifs de transition énergétique, Patrick Pouyanné a assuré qu’il n’y avait aucun changement de stratégie dans le renouvelable. Le groupe dit encore vouloir consacrer un tiers de ses investissements en 2024 aux “énergies bas carbone” pour environ 5 milliards de dollars et maintenir le cap de 100 GW de capacités de production renouvelable en 2030.