RMC

"Avec 1.400€, pas possible de se loger, de se nourrir": un salarié de Castorama en grève de la faim

Xavier Gaspard, vendeur et délégué CGT de Castorama à Strasbourg, est en grève de la faim pour réclamer des hausses de salaires générales.

Il dort sur le parking de son entreprise. Et ne s’alimente plus le début de la semaine. Xavier Gaspard, vendeur et délégué CGT de Castorama à Strasbourg, est en grève de la faim pour réclamer des hausses de salaires générales. "La nuit était froide, il a fait 1°C, on est quand même à Strasbourg, pas dans le Sud de la France. Franchement, ça va, le moral est là parce les collègues me soutiennent", raconte-t-il dans "Charles Matin" ce mercredi sur RMC et RMC Story. "Soucieux de la santé et de l’intégrité physique de l’ensemble de nos collaborateurs, nous avons pris toutes les mesures nécessaires pour que le collègue concerné soit accompagné par la médecine du travail et par l’IAPR", assure Castorama. 

Avec un salaire de 1.400 euros, Xavier (13 ans d’ancienneté) et ses collègues n’arrivent plus à tenir face à l’inflation. "Cette action est symbolique mais obligatoire, explique-t-il. Il y a trop de salariés de Castorama qui ne mangent plus à leur faim, qui doivent sauter des repas. Il y en a même certains qui n’arrivent pas à se loger et qui dorment dans leur véhicule. Pour survivre, il y en a qui sont obligés de faire des crédits à la consommation, pour remplir leur frigo, faire leur plein. Je veux mettre en lumière ça, je veux rendre visible l’invisible. C’est pour ça que je fais cette grève de la faim et que je suis dans mon véhicule sur le parking de Castorama. A 1.400 euros net par mois, c’est juste pas possible de se loger, de se nourrir, avec l’inflation qui est folle. Les fins de mois, c’est au 10 du mois."

"On se bat tout le temps pour les salaires"

Une réunion doit se tenir vendredi entre les syndicats et la direction de Castorama, qui assure avoir déjà acté des augmentations de salaires: "Dans le contexte actuel, Castorama réaffirme sa volonté d’offrir une rémunération attractive à ses collaborateurs intégrant à la fois le salaire de base et des dispositifs qui les associent aux performances de l’entreprise. En 2022, nos collègues ont touché en moyenne plus de 15 mois de salaire.  Dans le cadre des NAO qui se sont clôturées le 13 décembre 2022, une série de dispositifs pour 2023 a été accordée, dont une revalorisation de la grille salariale en mars 2023 qui permettra une évolution de +7,3% entre mars 2022 et mars 2023, une augmentation générale minimum de 70€ appliquée en août 2022 et mars 2023 ainsi que des augmentations individuelles applicables en mai 2023. Ces mesures complètent les revalorisations et augmentations réalisées en 2022."

"Notre direction, on croirait entendre le gouvernement… Ces trucs-là ne touchent pas tout le monde, assure Xavier Gaspard. Si vous êtes légèrement au-dessus du Smic ou de la grille salariale, vous ne touchez pas ces sous. Il y a très peu de salariés qui touchent toutes ces mesures. Ce qu’on demande, c’est une augmentation générale des salaires, pour tout le monde. Pas de mesurettes à droite, à gauche, qui touchent un petit pourcentage de salariés."

"Je demande simplement que Castorama arrête de détourner le regard, qu’on se pose autour d’une table et qu’on puisse trouver une solution à cette crise sociale, ajoute le syndicaliste. Là, c’est une crise médiatique, Castorama a peur. Il faut qu’on arrête de mettre des pansements sur une jambe de bois. On se bat tout le temps pour les salaires. Castorama va mieux qu’il y a quelques années et fait surtout partie du groupe Kingfisher, le leader du bricolage en Europe. Cette année, ils vont délivrer 481 millions de livres (546 millions d’euros) de dividendes aux actionnaires. Moi, sur ma fiche de paie, j’ai 37 euros net d’augmentation."

LP