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Carlos Tavares: les actionnaires de Stellantis outrés par ses indemnités de départ faramineuses

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Les actionnaires de Stellantis pourraient taper du poing sur la table de leur prochaine Assemblée générale. En cause: la somme des indemnités de départ de Carlos Tavares, l'ancien patron, jugée bien trop excessive au regard des difficultés du groupe.

Les indemnités de départ de Carlos Tavares, ancien patron du groupe automobile Stellantis, continuent de faire polémique. Les actionnaires du groupe élèvent la voix et pourraient agiter l’Assemblée générale prévue la semaine prochaine. 

L’emblématique patron, dont on a longtemps dit qu’il a sauvé le groupe PSA (Peugeot, Citroën, DS Automobiles), et artisan de la fusion avec Fiat Chrysler, a passé dix années à la tête du constructeur.

Sa chute a été aussi rapide que son ascension: le 1er décembre 2024, lâché par son propre Conseil d’administration, il annonce sa démission avec “effet immédiat”. 

L'indignation des actionnaires

Il touche alors des indemnités de départ qui en choquent plus d'un: un chèque colossal de 34 millions d'euros, alors même qu’il laisse un groupe en grande difficulté.

A l’époque, les syndicats avaient bondi, notamment la CFDT que dénonçait “des adieux indécents” et une situation “difficile à avaler”, alors que "les négociations salariales étaient très difficiles dans l’entreprise”.

Aujourd’hui, ce sont les actionnaires du groupe qui s’indignent. Ils se rassemblent la semaine prochaine pour leur Assemblée générale et seront amenés à voter sur ces indemnités versées à Carlos Tavares.

Les appels à voter contre se multiplient. Il y a notamment celui de la société Proxinvest, qui conseille les investisseurs. “Il n'est pas acceptable d'attribuer une indemnité de départ à un dirigeant ayant mené la société à une situation d'échec", affirme-t-elle dans un communiqué.

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Le dossier compliqué par Matthieu Belliard : Stellantis/Carlos Tavares, un chèque de départ polémique - 10/04
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Un départ avec 35 millions d'euros

L'ancien patron a laissé le groupe plutôt mal en point. En 2024, son chiffre d'affaires a baissé de 17%, et son bénéfice était en chute libre avec -70%.

Pourtant, il est prévu que Carlos Tavares touche l’ensemble de son salaire de l’année, soit 23 millions d’euros, alors qu’il n’a exercé ses fonctions que 11 mois et quittant son poste un 1er décembre.

Il repart également avec 12 millions d’euros de primes, dont 2 millions prévues en cas de licenciement. Là aussi, Proxinvest relève que Carlos Tavares n’a pas été licencié, mais qu'il a démissionné.

Stellantis répond que l'intéressé n’a obtenu que ce qui était prévu à son contrat, “sans bonus ni cadeau” et qu’un “accord de séparation” a été signé.

Mais des discussions houleuses devraient animer l’Assemblée générale ce mardi. L’actionnaire Allianz Global investors, qui gère des portefeuilles d’actions, annoncera qu’il votera contre, même s’il ne représente que 1% des actionnaires. Il pourrait en entraîner d’autres.

La rémunération de Carlos Tavares a toujours été un sujet éruptif chez les actionnaires: 44% l’avaient rejetée en 2021, 52% en 2023, et 30% en 2024. Des votes qui restent, de toute façon, consultatifs.

Un salaire controversé jusqu'au gouvernement

Le sujet est aussi politique, puisqu'il faut voir la progression qu’a connu Carlos Tavares.

A son arrivée en 2014, son salaire à la tête de PSA était d'un peu moins de 3 millions d’euros. En 2023, après la fusion, il atteint un record absolu avec une somme 10 fois plus élevée, à hauteur de 36 millions d’euros

Le journal Le Monde calcule que ce salaire représente 518 fois le revenu moyen des salariés. Un ouvrier intérimaire d’une usine du groupe en France aurait besoin de 1586 années de travail pour atteindre ce montant.

Carlos Tavares était alors devenu le patron le mieux payé de l’industrie automobile. Même Emmanuel Macron avait dû se positionner, en pleine campagne pour sa réélection en 2022: le président avait jugé “choquant et excessif” le montant “astronomique” de sa rémunération.

L'ancien patron, qui vantait ses excellents résultats, avait fini par répondre que "si vous estimez que ça n’est pas acceptable, faites une loi”. Il n’y en a jamais eu. Et l’argument des bons résultats ne tient plus.

Sébastien Krebs avec Mélanie Hennebique