"Ce sont mes enfants qui m'aident, j'ai honte": le témoignage d'un petit patron de 61 ans qui a tout perdu

C'est du jamais-vu depuis 10 ans. En 2024, 60.852 chefs d'entreprise ont perdu leur emploi, selon une étude de l'assureur GSC et du cabinet Altares pour l'Observatoire de l'emploi des entrepreneurs, que RMC dévoile en exclusivité. "Ce sont 166 entrepreneurs par jour qui se retrouvent sans aucune ressource car le dirigeant n'a aucun revenu", alerte sur RMC Hervé Kermarrec, président de l'association GSC.
"Les entrepreneurs n'ont aucune garantie, ils se retrouvent à payer leur loyer, leurs emprunts et se retrouvent sans aucune ressource", poursuit-il alors que les TPE du secteur de la construction, le transport et la logistique et la sécurité sont les plus touchés. L'âge moyen du patron qui perd son travail est de 46 ans:
"Ce ne sont pas de jeunes 'start-uppeurs' ou de jeunes entrepreneurs, ce sont des artisans couvreurs ou peintres en bâtiment qui avec la crise du logement se retrouvent sans aucun chantier", constate Hervé Kermarrec.
"Vous passez au tribunal à 16h et on vous demande de fermer votre entreprise à 18h"
Jean-Claude fait partie de ses entrepreneurs désormais sans emploi. À 61 ans, il a longtemps été patron de son entreprise de services qui comptait 22 salariés, avant de mettre la clé sous la porte: "Ça a commencé avec la guerre en Ukraine, la hausse des taux, l'inflation, l'augmentation de la masse salariale et j'ai aussi certainement fait des mauvais choix", explique-t-il.
La liquidation judiciaire de son entreprise a ensuite été prononcée fin 2024 "avec fermeture immédiate": "C'est très violent. Vous passez au tribunal à 16h et on vous demande de fermer votre entreprise à 18h. Vous n'avez plus aucun revenu", raconte Jean-Claude.
"Aujourd'hui ce sont mes enfants qui m'aident, c'est grave à 61 ans, j'ai honte de le dire. Normalement ce sont les parents qui aident leurs enfants".
Boulanger, Bertrand a lui aussi été confronté "au choc et à la violence de se retrouver du jour au lendemain sans aide". Caution solidaire, il découvre ensuite "le rouleau-compresseur des banques qui font la sourde oreille".
"J’ai essayé de rentrer en contact avec la banque qui m’avait prêté l’argent, elle n’a jamais répondu. Un jour j’ai reçu un recommandé me demandant les 200.000 euros à rembourser avec les intérêts de retard soit 500.000 euros", raconte-t-il.
Des cotisations mensuelles pour anticiper un arrêt d'activité
Après la liquidation judiciaire de son entreprise, Jean-Claude se tourne vers France Travail, puis il demande l'ATI, l'allocation des travailleurs indépendants: "On me l'a refusé parce qu'on a estimé que j'avais gagné en 2024 plus de 598 euros par mois". En dessous de cette somme, il aurait été éligible à l'ATI et aurait pu toucher 800 euros par mois pendant 6 mois.
Les auto-entrepreneurs peuvent se garantir contre les risques de ce genre en souscrivant à une garantie à 87 euros par mois pour toucher 2000 euros pendant 12 mois en cas d'arrêt de leur activité: "Cotisez, ou au moins renseignez-vous avec cette assurance facultative et volontaire qui permet de rebondir après un échec", appelle Hervé Kermarrec.