CFDT: Laurent Berger annonce son départ et tacle Emmanuel Macron

Après Philippe Martinez, remplacé par Sophie Binet à la tête de la CGT, c'est l'autre leader syndical de la contestation contre la réforme des retraites qui s'apprête à se retirer. Dans un entretien au Monde, Laurent Berger (54 ans) annonce qu'il quittera son poste de secrétaire général de la CFDT le 21 juin. Marylise Léon, actuellement numéro deux de la confédération, va lui succéder. "J’occupe ce poste depuis dix ans et demi, soit une durée proche de celle des mandats de mes prédécesseurs, François Chérèque et Nicole Notat. Initialement, je songeais partir un tout petit peu plus tôt, en juin 2022, mais il aurait été compliqué de le faire à ce moment-là", explique Laurent Berger.
"J’avais dit, lors de notre congrès en juin 2022, à Lyon, que je m’en irai en cours de mandat, indique-t-il. Il s’agit d’une décision mûrement réfléchie, arrêtée dès la fin 2021, après discussion avec mes collègues de la commission exécutive. Ce n’est ni un coup de tête ni un choix dicté par l’actualité. Je souhaite tout simplement respecter des règles collectives et une forme d’éthique personnelle, liées au fonctionnement démocratique de la CFDT. Celle-ci n’est pas un parti, elle n’est pas non plus une entreprise personnelle: c’est une organisation collective. Il est normal qu’elle s’incarne dans des leaders, mais il est aussi normal qu’elle se renouvelle."
"C’est le président de la République qui s’est radicalisé"
Depuis le mois de janvier, au cours d'un mouvement social historique par son ampleur avec des millions de personnes dans les rues, Laurent Berger a été l’un des principaux opposants au projet d’Emmanuel Macron et Elisabeth Borne sur les retraites. La tension entre le secrétaire général de la CFDT et l’Elysée a même explosé publiquement à quelques reprises. Et l’exécutif accuse aujourd’hui Laurent Berger de s’être "radicalisé", notamment en affirmant que la France vivait une "crise démocratique" face à l’obstination du pouvoir.
"C’est faux, archifaux. C’est le président de la République qui s’est radicalisé, répond Laurent Berger dans les colonnes du ‘Monde’. Il avait promis en 2022 de changer de méthode, mais l’engagement n’a pas été tenu. Il avait même fait d’autres promesses sur les retraites en 2017, en défendant un projet de système universel, qui nous allait plutôt bien, au départ, dans son principe, même si nous en avons critiqué certaines modalités. Donc, qui a changé ? Pas la CFDT."
Laurent Berger réfute aussi l'idée que son départ, en pleine crise liée à la réforme des retraites, puisse affaiblir le mouvement social, estimant que le syndicalisme "sort gagnant de cette période". Il réaffirme par ailleurs qu'il ne s'engagera pas en politique, estimant que "certains, parmi les soutiens du chef de l'Etat, ont voulu accréditer cette idée pour (lui) nuire et pour nuire à la CFDT".