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"Des grévistes qui sont désormais des bloqueurs": faut-il limiter les grèves dans les raffineries?

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Alors que les raffineries sont en grève, le sénateur LR Stéphane Le Rudulier veut encadrer ce droit de grève et le limiter afin d'éviter des pénuries de carburant d'ampleur comme en octobre dernier.

Une loi pour éviter les pénuries de carburant. Le sénateur LR des Bouches-du-Rhône Stéphane Le Rudulier a déposé une proposition de loi mardi visant à réglementer "l’exercice du droit de grève dans les raffineries et les transports de produits pétroliers et de carburants", selon les informations de RMC.

Car les blocages en marge de la mobilisation contre la réforme des retraites inquiètent, alors que la France a déjà connu une pénurie de carburant massive en raison d'une grève des raffineurs en octobre dernier.

Pour éviter de telles pénuries, Stéphane Le Rudulier veut empêcher les salariés des raffineries et des transports de produits pétroliers et de carburants d'"exercer leur droit de grève plus d’une fois par semaine et pas plus de trois jours consécutifs". En clair, les grévistes seraient autorisés à faire grève trois jours seulement chaque semaine.

"Le droit de grève est fondamental mais il n’est pas absolu. On a des principes fondamentaux comme la liberté de circuler, de venir, la continuité des services publics qui sont tout aussi importants", justifie ce mercredi dans "Apolline Matin", sur RMC et RMC Story, Stéphane Le Rudulier.

"Hors sujet"

"L’idée est de rééquilibrer puisque depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, on a l’impression qu’il y a une ‘gréviculture’. Il y a 114 jours de grève par an pour 1.000 salariés contre 91 en Belgique et 54 en Espagne. On est les champions d’Europe", assure-t-il, faisant référence à une étude de la fondation allemande Hans-Böckler publiée en 2020.

Limiter le droit de grève, "c'est hors sujet", tacle de son côté Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT cadres. "À chaque fois qu'on ne veut pas entendre la contestation, on sort la limitation du droit de grève", déplore-t-elle sur RMC.

Ce que Stéphane Le Rudulier veut surtout, c'est limiter les débordements. "Notre arsenal n’est pas au point, il y a un flou juridique quand on en arrive aux réquisitions et au recours à la force publique pour déloger des grévistes qui sont désormais des bloqueurs", assure-t-il, alors qu'il croit voir une radicalisation du mouvement contre la réforme des retraites.

Les raffineries françaises à l'arrêt

"On a commencé à avoir des débordements mardi, on a des appels prolongés à la grève alors qu’il y a 3 Français sur 4 qui prennent leur voiture pour emmener les enfants à l’école ou qui sont des aidants", alerte le sénateur, tandis que la grève reconductible a été votée dans les 7 raffineries de France, aujourd'hui à l'arrêt

Pourtant à en croire Myriam, responsable d'une station-service, c'est l'alimentation de la peur par les médias qui pousse certains automobilistes à remplir leur réservoir en prévision d'éventuelles pénuries: "Les médias alimentent la crainte en parlant de pénurie. Les gens viennent faire des rajouts de 5€, ils pensent qu'on est en guerre", déplore-t-elle.

Guillaume Dussourt