Les syndicats vont négocier pour augmenter les salaires des fonctionnaires... qui ont peu d'espoir

Les salaires des fonctionnaires seront-ils à nouveau revalorisés? Alors que la question se pose, les partenaires sociaux tenteront d'obtenir la réponse cette semaine au ministère de la Fonction publique. Tandis que la CGT sera reçue ce lundi par Stanislas Guérini et ses équipes, FO et la CFDT se rendront le lendemain au ministère. Si leurs demandes divergent parfois, les syndicats sont tous d'accord pour dénoncer le dégel du point d'indice des fonctionnaires.
Le dégel du point d'indice, revalorisé de 3,5% au début de l'été dernier pour 5,7 millions d'agents publics, est qualifié d'insuffisant par les huit syndicats représentatifs du secteur, alors que l'inflation fait rage.
Alors, pour faire face à la hausse des prix, la CFDT demande une augmentation de ce point d'indice de 3,5%. Du côté du ministère, on prend soin de ne surtout pas s'engager à ce stade sur le principe d'une hausse généralisée des salaires.
Des négociations jusqu'à l'été
"Cela coûte très cher et ne fait pas de différence entre les hauts et les bas salaires", explique l'entourage de Stanislas Guérini. Le ministre de la Fonction publique, qui semble davantage vouloir cibler les salaires les moins élevés, préfère discuter progression de carrière, ou encore évolution de la prime aux résultats.
Pour les syndicats, ce leitmotiv n'est pas à la hauteur de la hausse du coût de la vie et insuffisant pour relancer l'attractivité de la fonction publique. Les négociations devraient durer jusqu'à l'été. L'occasion pour le gouvernement de prouver qu'il veut réellement renouer le fil du dialogue social.
Car pour certains de ces fonctionnaires, joindre les deux bouts avec un salaire de la fonction publique n'est pas chose simple. Avec 1.700€ pour vivre et s'occuper de ses quatre grands enfants, Sabine, auxiliaire de puériculture en fin de carrière, explique que sa situation financière est "une grosse galère".
"Avec des enfants étudiants qui eux-mêmes galèrent beaucoup… Ce qui me ferait vivre correctement? 400€ par mois supplémentaires", désespère Sabine.
Son avis est partagé par Stephen, conducteur de camion poubelle dans les Hautes-Alpes, qui aimerait lui aussi voir intervenir une hausse significative de son salaire. Il assure d'ailleurs ne pas réellement se souvenir de sa dernière augmentation, qui était d'environ "7€ par mois, même pas".
"Dire qu'on va revaloriser les salaires, c'est bien gentil, mais si c'est encore un pourcentage, le cadre A qui est payé 4.000€ par mois, ça va être intéressant pour lui. Mais pour nous qui sommes payés à 1.800€ par mois… C'est ça le truc, quel taux et sur quel pourcentage?", déplore Stephen.
Enfin pour Morgane, une institutrice dans les Deux-Sèvres, il faut que les syndicats tapent "un peu plus du poing sur la table pour enfin faire entendre le fait que oui, dans l'enseignement, on a besoin d'être revalorisés". Mais les espoirs de l'institutrice sont maigres. "On nous ment et on nous fait patienter, en nous disant que ce sera à la prochaine rentrée, puis que ce sera l'année prochaine… C'est comme ça avec tous les gouvernements successifs", se désole-t-elle.
Avec l'inflation, Sabine, Stephen et Morgane aimeraient tous atteindre, au moins, les 2.000€ par mois, afin de correctement terminer les fins de mois.