Smic à 1.500 euros: "C'est infaisable, Mélenchon veut quelque chose de soviétique" pour Daniel Riolo
C'était une promesse de campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, c'est désormais une promesse pour les législatives. Le leader de La France insoumise, qui se voit en Premier ministre et mise sur une victoire de la Nupes au prochain scrutin, plaide pour l'augmentation du Smic à 1.500 euros, alors que celui-ci n'a augmenté qu'en raison de l'inflation et conformément à la loi sous le quinquennat d'Emmanuel Macron.
Une mesure qui séduit mais qui fait face à plusieurs obstacles, alors que le Smic s'établit aujourd'hui à 1.302 euros nets par mois depuis le 1er mai. Interrogé lundi sur RMC et BFMTV, l'économiste Daniel Cohen craint qu'une telle mesure ne conduise à une "smicardisation" de la société. Le risque est de se retrouver avec davantage de salariés payés au Smic en cas d'augmentation du salaire minimum.
"La question, c'est la faisabilité. Il y a clairement un problème des bas salaires et il faut mettre ce dossier sur la table et voir les solutions. Mais là, il va y avoir un embouteillage à force de tout augmenter", juge Daniel Riolo ce mardi sur le plateau d'"Estelle Midi" sur RMC et RMC Story. "Jean-Luc Mélenchon, peut-être que d'ici les législatives, il va le proposer à 2.000 euros pour séduire tout le monde", ajoute-t-il.
"Jean-Luc Mélenchon se fiche de ce que ça va coûter aux employeurs et au pays"
"Mais comment le faire, qui sont les gros patrons qui peuvent le faire? C'est une minorité. Les petits patrons, confrontés à des difficultés financières, ils ne pourront pas. Et ça Jean-Luc Mélenchon n'en parle pas", tacle Daniel Riolo. "C'est totalement infaisable comme projet, ça n'a aucun sens. Peut-être que Mélenchon veut tout le monde à 1.500 euros, pour avoir quelque chose de soviétique qui ressemblerait assez à l'esprit du Nupes", conclut-il.
De son côté, Catherine Rambert craint que la note n'explose pour les employeurs: "Bien sûr, personne ne peut être contre l'augmentation du Smic. Le problème avec Jean-Luc Mélenchon, c'est qu'il a un mépris total des entreprises et de l'appareil industriel. Il veut augmenter les salariés sans dire comment on va aider les entreprises à faire face. Il se fiche totalement de ce que ça va coûter aux employeurs et au pays", assure-t-elle.
"Le problème, c'est que les salaires sont très concentrés entre le Smic et 1.500 euros par mois"
"En politique, tout est possible. La réalité est plus complexe. Avec l’inflation qu’on a, on pourrait vite avoir un Smic à 1.500 euros", explique sur RMC Mathieu Plane, le directeur de l'OFCE, l'Observatoire français des conjonctures économiques. "Si on a 15% d'augmentation tout de suite ou sur un horizon étalé, ça change quelque chose".
"L'autre problème, ce sont les salaires au-dessus. Que se passera-t-il pour les salariés qui sont 10 à 15% au-dessus du Smic. Ils vont devoir négocier dans l'entreprise et ce n'est pas forcément répercuté. On pourrait avoir un tassement des salaires vers le bas. La problématique est sur ces salaires légèrement au-dessus".
Enfin, on oublie qu'il y a la prime d'activité, un peu plus de 200 euros par mois en net. Que fait-on du coût de cette prime d'activité si on passe le Smic à 1.500 euros? Le véritable problème pour moi, c'est le fait que les salaires sont très concentrés entre le Smic et 1500 euros par mois. Il faut une dynamique de carrière. Commencer au Smic mais ne pas s'arrêter là. Il y a toute une classe moyenne qui voit son niveau de vie stagner et le Smic ne résoudra pas ce problème-là. Le Smic en France, par rapport au salaire moyen est plutôt élevé", ajoute Mathieu Plane.
En 2021, 12% des salariés en France étaient payés au Smic, en légère baisse par rapport à 2019 (13,4%), selon la Dares, la direction de l'Animation de la recherche, des Études et des Statistiques