Une taxe de 2 euros par articles sur les petits colis ? "On est quand même gagnants !"

Ce sera donc 2 euros par article et non par colis, même s'ils sont dans un même emballage. Voilà la taxe que le gouvernement veut imposer sur les produits Shein, Temu, et autres, c'est-à-dire tous les petits colis en provenance de pays non-européens et dont la valeur ne dépasse pas 150 euros. Aujourd'hui, ces petits colis bénéficient d'une exemption de droits de douane lorsqu'ils arrivent en France.
L'objectif est de renflouer les caisses et protéger les entreprises de la concurrence de produits aux normes différentes, en rendant ces sites moins attractifs.
De plus, la taxe ne sera pas payée par le consommateur directement, mais pas le fabriquant, le site marchand ou le transporteur. Mais elle fera mécaniquement augmenter les prix de ces colis et pourrait être répercutée à terme sur les tarifs des sites de fast fashion.
"Ça ne me freinerait pas"
Mais pour l'instant, l'impact sur les commandes s'annonce assez limité. Le site internet de Shein, Alyssa le connaît très bien, cette jeune femme commande régulièrement: "par exemple mes coques de téléphone, ou bien la fourrure que je porte".
"Je l'ai achetée 24 euros alors qu'à Zara elle est à 99 euros", poursuit la jeune femme, interrogée par RMC.
Autant dire que le choix est rapidement fait. Alors une taxe de 2 euros sur chaque vêtement: "ça ne me freinerait pas car ça reste toujours moins cher que Zara ou Mango."
"Sur Temu, elle était à 15 euros"
Avis partagé par Thierry, auditeur d'Estelle Midi et informaticien à Vichy, pour qui "un article trouvable en boutique est deux fois moins cher sur Temu". Il en a lui-même fait l'expérience récemment, lorsqu'il a acheté, pour offrir, dans une petite boutique de sa ville une blouse pour femme à 60 euros.
"Une amie m’a demandé si je l'avais commandé sur Temu. J’ai dit non, alors elle m’a montré le site et par curiosité j’ai commandé la même blouse que j'ai rapidement trouvé. Sur Temu, elle était à 15 euros et c’était exactement la même".
Il a donc voulu confronter la vendeuse de la boutique qui a été "incapable de différencier la blouse de sa boutique et celle de Temu". Pour finalement avouer que leurs produits aussi viennent de Chine.
"On retrouve les mêmes articles qu'en boutique. Donc même avec une taxe de 2 euros, on est quand même gagnants !", explique-t-il.
Une concurrence déloyale ?
Si une telle taxe voyait le jour, Lauriane, elle, réfléchirait à deux fois avant de commander: "On va sur Shein parce qu'on trouve que c'est abordable. 2 euros c'est peut-être pas cher pour certaines personnes, mais pour d'autres c'est beaucoup."
Cette mesure doit, en tout cas, encore être votée par le Parlement, mais l'intention est bonne selon Pierre Talamon, le président de la Fédération Nationale de l'Habillement: "Il faudra taper plus fort, mais c'est un commencement. On ne peut pas continuer avec une concurrence totalement déloyale".
"Pas de taxe payée, pas de TVA payée à la frontière, des conditions de travail qui sont opaques, des normes environnementales qui ne sont pas respectées. Il faut saluer cette initiative, c'est mieux que rien, conclut-il.
"Une petite goutte d'eau"
C'est ce que pense aussi Carole, auditrice d'Estelle Midi et pâtissière. Selon elle, cette possible taxe est "une petite goutte d’eau" qui "ne va pas forcément changer grand chose" mais "si ça peut être un petit signal pour les gens qui commandent, c'est déjà bien".
Et elle l'assure: "Je n’ai jamais commandé sur ces sites. Je vais chez des enseignes pas trop chères, comme Kiabi ou Gémo. J’essaie de faire attention aux étiquettes".
Malgré nos sollicitations, de son côté Shein n'a pas répondu. Mais à ce stade, rien ne garantit que cette taxe soit véritablement appliquée. Elle avait déjà été proposée dans le cadre de la loi anti-fast fashion mais retoquée par Bruxelles car contraire au droit européen.
Autre risque: ces sites chinois pourraient faire atterrir leurs avions dans un autre pays européen pour ne pas avoir à la payer.