Faut-il autoriser les femmes à congeler leurs ovocytes? Ca fait débat sur RMC

Le Comité consultatif national d'éthique a rendu mardi matin un avis consultatif sur les grands thèmes de la prochaine loi de bioéthique. Il s’est notamment prononcé en faveur de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules.
Le Comité s’est également déclaré favorable à "l’autoconservation" des ovocytes, alors qu’il s’y était montré fermement opposé jusqu’à maintenant. Contrairement à la plupart de ses voisins européens, la France interdit aux femmes de conserver leurs ovocytes pour tenter d’avoir un enfant plus tard. Pourtant, plusieurs centaines de Françaises se rendent à l’étranger chaque année pour les faire congeler. Le conseil a pris en compte l’avis des médecins et des femmes elles-mêmes et considère désormais que les femmes qui le souhaitent devraient avoir accès à cette technique. Pourtant, ça fait débat sur RMC.
"Pourquoi ne pas profiter de ces avancées?"
Concrètement, cette technique permet à une femme, en âge de procréer, de conserver ses ovocytes pour les utiliser plus tard, si elle souhaite avoir un enfant. Concrètement, ces femmes prennent un traitement hormonal pendant 15 jours. Grâce auquel elles produisent entre 20 et 30 ovules par mois, au lieu d’un seul habituellement. Tout est encadré par un médecin. Une fois arrivés à maturation, les ovules sont prélevés, congelés et pourront être réutilisés des années plus tard dans le cadre d’une procréation médicalement assistée.
Cet avis favorable est une excellente nouvelle pour le professeur Michael Grynberg, chef de service de médecine de la reproduction à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart.
"Il y a une réalité qui est le déclin important de la fonction ovarienne avec l'âge. Parallèlement à ça, on a des évolutions sociétales qui font que les femmes font des enfants de plus en plus âgées. Et malheureusement, les techniques d'assistance médicale à la procréation ne nous permettent pas d'améliorer la qualité des ovules. C'est une réalité, on maîtrise aujourd'hui la congélation ovocytaire. Pourquoi ne pas profiter de ces avancées?" précise-t-il au micro de RMC, rappelant qu’à partir de 35 ans, une femme perd 15% de chance de tomber enceinte tous les mois.
Marchandisation
Chaque année, une centaine de Françaises font congeler leurs ovocytes dans les pays voisins qui l’autorisent, comme en Espagne, en Suisse, ou en Belgique notamment pour un coût de traitement entre 2.500 et 4.000€. Ce coût et la lourdeur du traitement constituaient jusqu’à maintenant une barrière pour le conseil national d’éthique. Tout comme la possibilité d’abus des employeurs qui encourageraient les femmes à congeler leurs ovocytes afin de privilégier leur carrière. Cela s’est vu chez Google ou Facebook aux Etats-Unis.
Pour lui, la technique doit être autorisée "aux femmes qui le souhaitent, sans les y encourager, après avis médical, avec pour seules restrictions des limites d’âges minimales et maximales et sans que ces femmes soient obligées de faire un don d’ovocytes en contrepartie de leur conservation".