Attentat de Bruxelles: pourquoi des Suédois ont-ils été visés?

Les deux victimes de l'attentat de Bruxelles ce lundi soir sont toutes les deux suédoises. Elles se trouvaient dans la capitale belge alors que se disputait un match de football entre la Belgique et la Suède, une rencontre finalement arrêtée après l'attaque terroriste.
Dans une vidéo, l'assaillant, interpellé ce mardi matin, a revendiqué avoir tué des personnes "pour venger les musulmans". Les trois personnes touchées, dont deux sont mortes, pourraient avoir été visées en raison de leur nationalité donc, alors que la Suède est ciblée dans la dernière publication d'Al-Qaïda à la mi-septembre. Le groupe terroriste y appelle à s'en prendre au pays qui "a choisi de prendre la tête dans la guerre contre l’islam parmi les pays de l’Union européenne".
>> EN DIRECT Toutes les infos sur l'attentat de Bruxelles
Tensions entre la Suède et les pays du Moyen-Orient
Une référence aux autodafés qui ont eu lieu dans le pays ces dernières années. Selon le quotidien flamand Het Laatste Nieuws, l'attaque de lundi pourrait avoir été motivée par ces incendies de Coran. En septembre dernier, un rassemblement au cours duquel un exemplaire du Coran a été brûlé a donné lieu sur place à de vives altercations.
C'est d’ailleurs un sujet de tensions diplomatiques entre la Suède et les pays du Proche et Moyen-Orient. L'ambassade de Suède en Irak a même été attaquée à deux reprises en juillet dernier par des manifestants.
De son côté, Stockholm condamne ce genre d’acte mais ne le punit pas et le tolère pour l'instant au nom de la liberté d’expression, même si les autorités réfléchissent à l’interdire.
Des autodafés à l'origine d'un changement de loi
À l'origine des autodafés suédois, un homme quasiment seul. Salwan Momika, 37 ans, est un Irakien réfugié en Suède qui a combattu Daesh lors de la bataille de Mossoul et en a gardé une haine de l'islam. Aujourd'hui, il se décrit comme un farouche militant athée et a reçu le soutien de l'extrême droite islamophobe pour ses autodafés.
Face au tollé, les autorités danoises, où des autodafés ont également eu lieu, ont choisi d'instaurer une nouvelle loi pour interdire le traitement inapproprié d'objets religieux. Copenhague se défend d’un retour à l’interdiction du blasphème, parce que la loi ne couvre pas l’expression verbale ou écrite. Il reste permis de critiquer, voire d’insulter une religion, mais pas de brûler des livres.
Suédois et Danois dans le viseur des jihadistes depuis de nombreuses années
Cette haine des Scandinaves pourrait remonter plus loin encore: "Depuis l'affaire des caricatures danoises en 2005 en Europe, il y a un fil rouge qui excite les réseaux jihadistes européens, c'est de se prétendre les défenseurs du prophète et les assassins des blasphémateurs", note ce mardi sur RMC et BFMTV Hugo Micheron, spécialiste du jihadisme.
"Cela amène Al-Qaïda à condamner l'ensemble de la Suède et par analogie l'ensemble des Suédois qui deviennent des cibles. C'est une manière de s'immiscer dans les débats publics européens et exercer une énorme pression dans les débats démocratiques internes aux démocraties européennes", ajoute-t-il.