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Cessez-le-feu au Liban: "C'est détruit de partout", une Franco-Libanaise témoigne après son retour

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TÉMOIGNAGE RMC. Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu entre le Hebzollah et Israël, ce mercredi, des milliers de Libanais ont pris la route pour rentrer chez eux. Linda, franco-libanaise, est sur place depuis jeudi dernier et ne peut que constater les dégâts.

L'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah au Liban est entré en vigueur ce mercredi à 4h. Depuis le début des hostilités, ce sont environ 900.000 personnes qui ont été déplacées au Liban et 60.000 dans le nord d'Israël. Des milliers de Libanais sont depuis sur les routes pour tenter de retrouver leur logement et leurs proches.

Dans le sud du pays, les habitants découvrent avec stupéfaction l'ampleur des dégâts et ne peuvent que contempler ce qui s'apparente pour la plupart du temps à un champ de ruines. C'est le cas de Linda, franco-libanaise, qui est rentrée dès jeudi dernier, alors que le Liban croulait encore sous les bombes.

"On se croirait dans un film"

Elle était partie se réfugier en Turquie il y a deux mois et n'était jamais revenue depuis. "Je n'avais qu'une seule envie, c'est de rentrer. Je ne pouvais plus rester à l'extérieur, je n'avais plus envie", témoigne-t-elle auprès de RMC. Bien qu'elle avait vu des vidéos documentant les dégâts, celles-ci "n'ont strictement rien à voir avec la réalité", selon Linda, qui ne "s'attendait pas à ce qu'elle a vu" une fois sur place. "On se croirait dans un film, dans l'irréel. C'est détruit de partout..."

Celle qui est cheffe d'entreprise a une résidence secondaire à Beyrouth mais sa maison principale est à Nabatieh, où elle possède également un centre commercial, avec architectes, dentistes, restaurants, magasins... "Dieu merci, pour ma maison, ce n'est qu'au niveau des vitres que c'est cassé, mais mon centre a pris un bon coup", explique-t-elle, énumérant des "vitres par terre, des escaliers cassés..." "Il était où ce magasin? Il n'est plus là."

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Expliquez-nous par Matthieu Belliard : CPI, un mandat d'arrêt contre Netanyahou - 22/11
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"Je n'ai plus envie de reconstruire"

"J'ai 60 locataires, ils ne savent pas quoi faire. On s'est tous mis d'accord de tout faire ensemble, de nettoyer, on va essayer de reconstruire...", fait savoir Linda. Mais le coeur n'y est plus: "On se dit bon, on va arranger, on va réparer, on va reconstruire... Mais là, aujourd'hui, je n'ai plus envie. C'est fini. Parce que ça va être détruit dans quelques années. On se prend une claque, deux claques, on ne supporte plus!", souffle-t-elle.

"L'agression avant le cessez-le-feu était très grave, c'était pour faire du mal", dénonce Linda.

Avertissement de l'armée israélienne

Le porte-parole de l'armée israélienne Avichay Adraee a réitéré ce jeudi matin un avertissement aux habitants du Liban à ne pas pénétrer dans la zone jouxtant la frontière israélienne, et délimitée par une ligne allant des localités de Mansouri à l'ouest à Chebaa à l'est.

"On sentait que les gens n'attendaient qu'une chose, c'est de rentrer chez eux, même s'ils allaient dormir sous des tentes. C'est hyper dur ce qu'ils ont vécu", explique Linda, qui reconnaît sa "chance d'avoir une maison secondaire" et d'avoir un "toit". "Les gens du sud sont très attachés à leur terre, ils ont leur fierté", affirme-t-elle.

Même si certaines habitations ou immeubles n'ont pas été détruits, les dégâts sont nombreux, sans compter les pillages. Pour Linda, la situation par rapport à 2006 n'est pas comparable. "Les gens avaient de l'argent quand ils sont revenus. Là, ils vont faire quoi?", s'interroge-t-elle, dénoncant au passage ceux qui profitent de la situation pour "tripler ou quadrupuler les futurs loyers" et "demander "cinq, six mois d'avance".

Marion Gauthier avec Léo Manson