Election américaine: Donald Trump large vainqueur dans le comté de la polémique des Haïtiens

Donald Trump sera le 47e président des Etats-Unis. Il l'a emporté largement face à Kamala Harris, et même dans un comté symbolique, à Springfield dans l’Etat de l’Ohio. Un endroit dans lequel, selon le président-élu, les habitants mangent des chats et des chiens. Et pas n’importe quels habitants: les immigrés venus d’Haïti.
Il y a deux mois, lors du débat télévisé entre les deux candidats à la présidentielle, Donald Trump parlait immigration, son thème de prédilection. Devant des millions de téléspectateurs, il a fait une sortie inattendue: "À Springfield, les migrants mangent des chiens et chats, les animaux de compagnie des habitants". Une fake news grotesque mais diablement efficace. Elle trouve sa source sur internet. Dans les milieux d’extrême droite, il se murmure que des migrants affamés s’en prennent aux compagnons à quatre pattes.
Donald Trump est copieusement raillé, en particulier par sa rivale Kamala Harris. Sa fake news est démontée par tous les médias. Pourtant, un mois plus tard, il persiste et signe. En meeting à Detroit, il remet ça: "Les Haïtiens de Springfield mangent les chiens et les chats". C’est toujours aussi faux mais qu’importe. La séquence est reprise des millions de fois sur internet.
Trois points de plus qu'en 2020
Sauf que sur le terrain, cette fake news coriace crée de graves troubles à l’ordre public. Les habitants de Springfield d’origine haïtienne sont pris pour cible. La ville fait face à une vague de menaces et d’alertes à la bombe. La police est contrainte de réagir et dément publiquement la rumeur.
Le gouverneur républicain de l’Ohio, Mike DeWine, se mouille pour s’opposer à son candidat: “En tant que partisan de Donald Trump, je suis attristé par la façon (...) de dénigrer les migrants légaux qui vivent à Springfield".
Ça ne suffit pas. En Arizona, la rumeur devient slogan de campagne: "Manger moins de chatons, votez républicain".
Et cette méthode a visiblement convaincu une majorité d’électeurs. On attend les chiffres officiels mais les premiers résultats sont sans appel après 95% des bulletins dépouillés: l’ancien président l’a emporté à 64% dans le comté de Clark, dont Springfield est la capitale. C’est même trois points de plus qu’en 2020. La paradoxe américain, appelez ça comme vous voudrez.