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Embargo sur le pétrole russe: pourquoi la décision du G7 est un engagement fort mais flou

Les pays du G7 ne veulent plus du pétrole russe. Mais le projet de boycott des carburants produits par la Russie est encore flou.

Le G7 s'est engagé dimanche à interdire ou supprimer progressivement les importations de pétrole russe, un engagement fort mais encore flou. Fort parce le pétrole exporté par la Russie vers l’Occident est une manne colossale pour la Russie, avec 180 milliards de dollars par an, presque 4 fois plus que le gaz. Fort aussi parce que l’argument qui consiste à dire le pétrole russe trouvera preneur ailleurs, n’est pas complètement vrai. Les raffineurs chinois sont aussi très méfiants par exemple. Et puis une interdiction est à venir pour les navires européens de transporter du pétrole russe.

Mais flou parce que le calendrier reste peu précis. Notamment sur les engagements pris par chaque pays membre à savoir l'Allemagne (qui en a la présidence cette année), le Canada, les Etats-Unis, la France, l'Italie, le Japon, et le Royaume-Uni. Les autres pays européens ont annoncé la mise en place de la mesure pour la fin 2022.

Peut-on remplacer facilement le pétrole russe?  

Mais alors pourra-t-on remplacer le pétrole russe? Difficile car 25% du pétrole européen vient de Russie, dont 12% du pétrole français. Il pourrait être difficile de trouver d’autres fournisseurs qui peinent à produire plus. Quant à l’Opep, elle ne souhaite pas produire davantage pour maintenir les prix à un niveau élevé. Elle considère même qu’elle produit trop face au risque de ralentissement chinois, avec 2 millions de barils par jour, alors que 100 millions de barils sont consommés chaque jour dans le monde. La réalité, c’est qu’elle aussi peine à produire plus.

Mais alors est-ce que les carburants vont nous coûter plus cher au final? C’est fort probable, parce que les carburants ce n’est pas seulement du brut. C’est du transport qui sera plus cher: les raffineries qui étaient largement alimentées par oléoduc, vont devoir être approvisionnées par d’autres canaux.  

C’est aussi du raffinage plus cher: changer de fournisseur veut dire aussi changer de qualité de pétrole. Changer les processus de raffinage coûtera aussi plus alors que le diesel est le carburant le plus vulnérable: 25% de notre consommation vient aujourd'hui de Russie.

Emmanuel Lechypre