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Famine, attaque terrestre... Tout ce qu'il faut savoir de l'offensive israélienne à Gaza

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Le chef de l'Organisation mondiale de la santé s'est alarmé lundi du risque de famine qui augmente dans la bande de Gaza où "2 millions" de personnes sont affamées selon lui. Pour David Rigoulet-Roze, chercheur, la tactique d'Israël a changé.

"2 millions" de personnes sont affamées à Gaza selon le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon l'ONU, 1 habitant sur 5 serait menacé de famine. De plus, depuis dimanche, tous les hôpitaux publics du nord sont hors service. Des chiffres qui inquiètent alors qu'Israël poursuit son offensive.

Dimanche, l'armée israélienne a annoncé une nouvelle attaque terrestre à Gaza. Des vastes opérations lancées dans le nord et le sud de la bande de Gaza. Les objectifs sont toujours les mêmes: parvenir à libérer les otages israéliens toujours retenus par le Hamas et éliminer le mouvement islamiste. Au moins 50 personnes ont encore été tuées ces dernières heures, annoncent les secours palestiniens.

Changement de paradigme

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé qu'Israël allait "prendre le contrôle de toute" la bande de Gaza, où l'armée a intensifié son offensive. Pour David Rigoulet-Roze, chercheur à l’institut français d’analyse stratégique, invité d'Apolline Matin, cette offensive, après 19 mois de guerre, serait la conséquence d'un "changement de paradigme": "il y a un nouveau chef d'état-major depuis début mars qui a mis en place un nouveau plan qui change le modèle militaire".

Il développe: "Jusqu'à présent, il y avait eu des opérations militaires très importantes mais qui se succédaient en fonction de la progression dans le territoire de l’enclave. Il y avait une résurgence régulière de l’activité du Hamas, y compris dans des zones qui étaient supposées avoir été 'militairement traitées'. Mais les objectifs de guerre "n'ont pas changé".

"La hiérarchie des priorités a, elle, probablement changé", analyse-t-il.

En effet, désormais, la priorité n'est plus la libération des otages, mais bien l'élimination du Hamas. "Les deux ministres d’extrême droite ont expliqué que l’impératif de faire disparaître le Hamas prévalait sur les otages. Et c’est bien ce que critique le Forum des familles des otages et une grande partie de l’opinion israélienne", poursuit David Rigoulet-Roze sur RMC.

Donald Trump met la pression

Sauf qu'ils ne sont pas les seuls à critiquer ce changement: "ce changement de modèle a été annoncé et devait avoir lieu après la visite de Donald Trump dans les pays du Golfe, qui s’est passé la semaine dernière. Mais Trump a moyennement apprécié le timing parce qu’en réalité, l'administration américaine voudrait que cela s'arrête". Compte tenu du "désastre humanitaire avéré" et des "risques de famine qui se développent".

Des risques qui sont reconnus pour la première fois par le Premier ministre israélien. Ce dernier a attribué à des pressions diplomatiques sa décision d'autoriser une reprise limitée de l'aide humanitaire dans le territoire dévasté et affamé. "Nous ne devons pas laisser la population sombrer dans la famine, ni pour des raisons pratiques, ni pour des raisons diplomatiques", a-t-il dit, mis sous pression, y compris par les Etats-Unis, pour lever son blocus de l'aide humanitaire à Gaza en vigueur depuis le 2 mars.

"C’est la première fois que le Premier ministre reconnaît ce risque. Jusqu’à présent, le discours du gouvernement était de dire qu’il n’y avait pas de risque de famine. Pourtant, la population reste exposée à des situations de famine de plus en plus importantes".

Et pour le spécialiste, "on peut effectivement penser que ce n’est pas étranger aux pressions américaines". Elles ne sont pas publiques, mais elles sont "très fortes de la part de Donald Trump qui veut que ça s’arrête".

"Une politique de fuite en avant assumée"

Une contradiction avec le but de guerre de Benyamin Netanyahou, qui est de faire disparaître le Hamas: "on ne fait pas disparaître comme ça une idéologie, une structure politique communautaire". Il y a donc un dilemme pour l’administration américaine. Ses deux buts de guerre "n'ont pas été remplis". "C'est le problème pour le Premier ministre", car il en a fait sa "garantie politique", détaille le chercheur.

"Là, il y a une politique de fuite en avant assumée par rapport à l’enclave. Et la population civile est victime de cette situation", détaille David Rigoulet-Roze.

Et à ce propos, l'opinion publique israélienne est "très partagée": "il y a un consensus sur le fait que le Hamas ne doit pas subsister. Et le Premier ministre joue là-dessus, il connaît bien sa population".

"C’est inconcevable pour eux qu’il puisse y avoir le maintien d’une présidence du Hamas. Mais comment faire pour qu’il disparaisse? C’est difficile", interroge-t-il.

La population n'est, en tout cas, pas prête aujourd'hui d'accueillir un Etat palestinien. "C'est un vrai problème pour l’avenir", conclut-il.

SG avec AFP